Un Avent de courage : l’histoire d’Ahmad Al-Daya

Par Minaz Kerawala, Conseiller en communication et relations publiques

Cette année, nos histoires de l’Avent sont des récits éprouvants mais encourageants qui nous sont envoyées de Terre Sainte par notre partenaire, Caritas Jérusalem. Alors que le monde est resté les bras croisés, près de 45 000 personnes ont été tuées et plus de 104 000 ont été blessées à Gaza au cours des 14 derniers mois. Néanmoins, même quand les bombes israéliennes pleuvent autour d’eux, anéantissant la vie et tout ce qui la soutient, Caritas Jérusalem jure : « Nous restons engagés dans notre mission de paix et d’espoir » (voir déclaration en anglais). Voici les histoires de leur personnel, qui surmonte des défis inimaginables pour apporter de l’aide et du secours, un effort rendu possible en partie grâce à la générosité des sympathisant·e·s de Développement et Paix – Caritas Canada.

Advent in Palestine: Ahmed Al-Daya L'Avent en Palestine : Ahmed Al-Daya
Comme bien des gens à Gaza, Ahmad Al-Daya se préoccupe d’aider les autres tout en endurant lui-même de grandes souffrances. (Caritas Jérusalem)

« Nous le savons, en effet, même si notre corps, cette tente qui est notre demeure sur la terre, est détruit, nous avons un édifice construit par Dieu, une demeure éternelle dans les cieux qui n’est pas l’œuvre des hommes. »
— 2 Corinthiens 5,1

Vous êtes au cœur de l’Avent, au plus profond de la Terre Sainte, non loin de l’endroit où un bébé dans une mangeoire a transformé l’humanité pour toujours. Normalement, tout ce qui vous entoure devrait être festif, mais c’est en 2023, et rien n’est ordinaire. Les ruines ne sont pas propices aux réjouissances.

Ce fut le cas pour Ahmad Al-Daya en décembre dernier. Deux mois plus tôt, les forces d’occupation israéliennes avaient ordonné à sa famille et à des milliers d’autres personnes d’évacuer le nord de la bande de Gaza. Il a emménagé dans la maison d’un ami de sa famille à Khan Younès, dans le sud de Gaza. Avec peu d’essentiels et encore moins de confort, la famille s’était établie dans une version difficile de la « normalité », rendue possible par l’hospitalité généreuse de leurs voisin·e·s du sud et le fait que l’offensive israélienne se concentrait sur le nord de la bande.

Cependant, même cela lui a été enlevé le mardi 12 décembre. À 4 h du matin, un obus israélien a frappé la chambre sur le toit dans laquelle Ahmad, son frère et quelques amis dormaient.

« Je n’ai rien entendu, rien senti, rien vu. Tout ce que je savais, c’est que mes oreilles bourdonnaient », se souvient Ahmad. Il a été le premier à sortir des décombres et à descendre à tâtons dans l’obscurité. Les gens courraient déjà des étages inférieurs pour apporter leur aide.

Ahmad vit que son père, blessé, avait été aidé à descendre, mais il ne trouva pas son frère. Il demanda désespérément : « Où l’ont-ils emmené ? Pourquoi n’est-il pas là ? » On lui a dit qu’il était dans une ambulance dans la rue. Ahmad s’est précipité pour aller le voir et a fait une découverte macabre.

Le jeune homme se tordait à côté de sa propre jambe coupée. « Il avait perdu tellement de muscles dans l’autre jambe que je pouvais voir ses os », dit-il, la voix engourdie, et ajoute : « Nous avons été emmenés à l’hôpital Européen, à l’est de Khan Younès. À partir de ce moment, la guerre a changé pour moi, et ma famille et moi sommes devenus une partie importante de cette profonde souffrance ».

Déplacement après déplacement après déplacement…

Le tout premier déplacement de Ahmad du nord de la bande de Gaza a été assez pénible, évoquant les souvenirs douloureux du premier grand déracinement du peuple palestinien, il y a plusieurs décennies. « Nous avons ressenti ce que nos grands-parents avaient ressenti auparavant », a-t-il raconté. « Nous avons vécu ce que c’était que de quitter nos maisons, nos quartiers, nos rues, nos ami·e·s, notre famille et l’endroit où nous sommes nés et où nous avons vécu toute notre vie.

La maison à Khan Younès dans laquelle ils s’abritaient ayant également été détruite, la famille a été déplacée à nouveau, cette fois dans une minuscule masure d’une pièce qu’ils ont louée à Rafah.

Pendant ce temps, Ahmad est resté au chevet de son frère à l’hôpital Européen. Pendant deux mois angoissants, les médecins ont fait tout ce qu’ils pouvaient, les blocus israéliens ayant sévèrement limité les ressources disponibles. Finalement, l’homme estropié a été autorisé à recevoir un traitement en dehors de Gaza (quitter le territoire, même pour des procédures médicales vitales, est un « privilège » qui n’est accordé qu’en fonction des caprices des autorités israéliennes).

Puis, une attaque israélienne a également détruit la maison à Rafah, blessant l’oncle et la tante de Ahmad. Ils se sont réfugié·e·s dans une tente dans l’enceinte de l’hôpital, où ils sont restés pendant cinq mois. Ahmad a déclaré : « Pendant notre séjour à l’hôpital Européen, je ne me souviens pas d’avoir passé une seule journée sans problèmes en raison de la propagation des maladies et du manque de médicaments et d’installations sanitaires. »

Lorsqu’Israël a envahi Rafah, même l’enceinte de l’hôpital est devenue dangereuse. La famille a été déplacée encore une fois dans un camp à Khan Younès. Ahmad explique que « la situation était encore plus difficile en raison du manque d’eau, de salles de bains et de l’absence de nos effets personnels, notamment de vêtements, de matelas, de couvertures et d’une tente ». Ils ont donc déménagé une fois de plus, dans la maison abandonnée d’un ami dans la ville de Hamad.

Malheureusement, Ahmad a déclaré : « Alors que nous commencions à nous sentir à l’aise et à nous installer, nous avons été avertis qu’il fallait évacuer. Nous avons tout laissé derrière nous et avons déménagé à Deir al-Balah ». Mais lorsqu’ils sont revenus quelques jours plus tard, ils ont découvert que la maison avait été prise pour cible et qu’ils avaient perdu leurs maigres biens.

Endeuillé, mais pas aigri

On pourrait s’apitoyer sur son sort ou le maudire si l’on avait subi de telles privations. Mais Ahmad, qui est d’une autre trempe, a trouvé des raisons d’être reconnaissant !

« Dieu merci, nous travaillons à Caritas, ce qui nous permet de servir les personnes dans les conditions les plus difficiles », a-t-il déclaré, ajoutant : « Cette organisation nous aide à faire entendre notre voix, ce qui a égayé nos journées ».

Dans la morosité et l’obscurité, Ahmad a trouvé la grâce dans son travail. « Comme il est beau de voir une mère ou un enfant venir vous demander de l’aide et de pouvoir leur apporter un soutien dans les circonstances les plus difficiles ».

Une oasis d’espoir

Caritas Jérusalem représente le meilleur de la communauté catholique palestinienne, petite et tenace, que le pape François a qualifiée de « graine aimée de Dieu ».

Au cours de l’année écoulée, cette « graine » a porté des fruits qui ont sauvé des vies, en fournissant des abris, de la nourriture, des produits de première nécessité, de la literie, des vêtements, des médicaments, des services médicaux et un soutien psychosocial à des milliers de personnes à Gaza. Et tout cela a été réalisé par des personnes comme Ahmad, qui ont esquivé les bombes, surmonté les privations et sublimé le chagrin pour servir avec le sourire.

L’ingrédient principal de leur recette de l’espoir a été l’esprit courageux du peuple palestinien. Mais le plat n’aurait pas pu être préparé sans la solidarité et la générosité de personnes comme vous qui refusent de rester insensibles à leur souffrance.

Les aspirations de Ahmad, comme celles de ses compatriotes, sont simples. « J’espère que cette épreuve prendra fin pour que nous puissions retourner reconstruire Gaza, l’avenir de nos enfants, notre pays et notre organisation. C’est ce que je veux partager avec vous ».

En cette saison sacrée, alors que vous ornez vos maisons pour accueillir le Roi, pensez à faire un don, afin que nos partenaires comme Caritas Jérusalem puissent offrir abri et réconfort aux personnes déplacées et dépossédées en Terre Sainte et dans le monde entier.


À lire aussi:

PARTAGER LA NOUVELLE

Effectuez votre recherche

Restez informé·e

Ne manquez rien sur le travail de nos partenaires internationaux ou sur nos campagnes de sensibilisation et de mobilisation.

Inscrivez-vous dès maintenant à notre infolettre.