Par Minaz Kerawala, Conseiller en communication et relations publiques
Cette année, nos histoires de l’Avent sont des récits éprouvants mais encourageants qui nous sont envoyées de Terre Sainte par notre partenaire, Caritas Jérusalem. Alors que le monde est resté les bras croisés, près de 45 000 personnes ont été tuées et plus de 104 000 ont été blessées à Gaza au cours des 14 derniers mois. Néanmoins, même quand les bombes israéliennes pleuvent autour d’eux, anéantissant la vie et tout ce qui la soutient, Caritas Jérusalem jure : « Nous restons engagés dans notre mission de paix et d’espoir » (voir déclaration en anglais). Voici les histoires de leur personnel, qui surmonte des défis inimaginables pour apporter de l’aide et du secours, un effort rendu possible en partie grâce à la générosité des sympathisant·e·s de Développement et Paix – Caritas Canada.
« Nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance. »
― Romains 5,3-4
Le Dr Mohammed Suleiman Shbeir est éloquent dans son témoignage. Mais il ne devait pas l’être. La dévastation de Gaza qu’il décrit est évidente – visible dans sa toile de fond de bâtiments brisés et de camps surpeuplés, sans parler des images déchirantes qui inondent l’internet depuis 14 mois.
En tant que conseiller juridique travaillant pour notre partenaire Caritas Jérusalem, Mohammed s’est trouvé au cœur du carnage israélien à Gaza. « Dès que la guerre a éclaté, nous avons vu la mort partout », raconte-t-il.
Comme d’innombrables Palestinien·ne·s, il a perdu le compte précis de ses déplacements forcés. Estimant que son dernier déplacement a été le septième, Mohammed raconte : « Nous avons d’abord été déplacés dans la zone de Mawasi à Khan Younès, puis dans la zone d’Al-Masdar, puis dans la zone de Rafah, et enfin de nouveau dans la zone de Mawasi. Aujourd’hui, nous sommes retournés dans la zone centrale, plus précisément à l’ouest du gouvernorat Central ».
Pertes au-delà de la mort et de la blessure
Les intentions et les effets d’Israël sont évidents dans le bilan hélas bien connu des personnes tuées ou blessées. Mais c’est sur le moral des victimes que la guerre a eu les effets les plus monstrueux.
Le fait que le peuple palestinien ait réussi à créer un sentiment de normalité dans les circonstances les plus anormales témoigne de son courage et de sa bonne humeur. Sous l’occupation ou le siège israélien depuis des décennies, ils ont appris à faire face aux points de contrôle, aux restrictions, aux détentions, aux pénuries et aux innombrables indignités quotidiennes.
« Avant la guerre, notre vie était presque normale. Nous étions toujours confrontés à des défis, mais la situation était relativement stable. C’était une vie habituelle dans la bande de Gaza », a déclaré Mohammed, ajoutant qu’ils pouvaient faire leur travail « avec passion et énergie ».
« Nous avons perdu notre travail et l’énergie de le poursuivre », a-t-il déclaré à propos de la situation depuis le début de la guerre. « Nous ne nous préoccupons plus que du minimum vital. Nous avons perdu notre sentiment de sécurité ».
Les forces vives de la population
Israël a continué à bombarder Gaza. L’Occident a continué à fournir les bombes et les bombardiers ou à faire des déclarations en faveur d’un cessez-le-feu tout en bloquant les résolutions de l’ONU visant à le concrétiser. Pendant ce temps, la population de Gaza était confrontée à de graves pénuries de nourriture, de carburant, d’eau et de soins de santé.
« Au cœur de cette souffrance, nous avons trouvé une artère qui a insufflé de l’espoir dans l’âme du peuple angoissé et déplacé de Gaza », a déclaré Mohammed stoïquement.
Si Caritas Jérusalem est l’artère, la véritable moelle qui constitue le sang vital qu’elle porte est la solidarité de la famille Caritas et ce au niveau mondial, c’est-à-dire des personnes comme vous. Avec une incroyable débrouillardise et au prix de risques incalculables, Caritas Jérusalem a étiré chaque dollar que vous avez donné pour atteindre des milliers et des milliers de personnes.
Tout le monde a mis la main à la pâte. « Dans nos bureaux, nous n’étions plus de simples conseillers juridiques », se souvient Mohammed. « Nous sommes devenus une équipe humanitaire qui s’est portée volontaire pour mener à bien des initiatives humanitaires urgentes en faveur des personnes déplacées dans les camps. » Ils ont versé de petites sommes d’argent aux familles les plus démunies et ont fourni des abris, de l’eau, de la nourriture et de l’aide médicale aux personnes déplacées.
Mais ce que Mohammed et les personnes qu’il servait chérissaient le plus, c’était « les événements ». Ces petits rassemblements, parrainés par Caritas Jérusalem, offraient aux adultes des occasions de détente et de camaraderie, et aux enfants des occasions de se divertir et de s’amuser. Mohammed a mentionné que « Caritas, Caritas » était devenu un cri de ralliement populaire parmi les enfants.
Un espoir audacieux et tenace
Mohammed est fier et heureux que Caritas Jérusalem ait pu « mettre des sourires sur les visages des jeunes et des personnes âgées ». Pourtant, il sait que leurs efforts ne représentent « qu’une goutte d’eau dans l’océan des énormes besoins humanitaires de la population de la bande de Gaza ». Son réalisme n’entame cependant pas son optimisme.
« Malgré la cruauté de cette guerre, la douleur catastrophique qu’elle a causée… je suis absolument certain que cette guerre est une exception dans nos vies et qu’elle prendra fin », a-t-il déclaré, ajoutant : « Nos jours et nos vies reviendront à la normale. Les êtres humains sont faits pour vivre dans la paix et la sécurité, et les deux prévaudront ».
En cette saison de joie, veuillez continuer à exprimer votre solidarité par votre générosité afin que nos partenaires puissent offrir de l’optimisme aux personnes opprimées et transformer la souffrance en sourire en Terre Sainte et dans le monde entier.
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