Combattre la faim par la solidarité : des prairies jusqu’au Rwanda

Par Michael LeBlanc, animateur pour la Saskatchewan et Keewatin-Le Pas

Rwanda

Que se passe-t-il lorsqu’un baptiste, un mennonite et un catholique prennent l’avion pour le Rwanda ?

Bien que cela ressemble au début d’une blague, cela s’est réellement produit ! Ce fut une grâce et un privilège de me rendre au Rwanda avec 12 de mes sœurs et frères de diverses traditions chrétiennes pour visiter les projets de développement des Ministères baptistes canadiens, du Comité central mennonite (voir site Web en anglais) et de Caritas Rwanda.

La solidarité, semée en Saskatchewan

La genèse de ce voyage d’apprentissage unique réside dans Grow Hope Saskatchewan (voir site Web en anglais), un programme de collecte de fonds par lequel les agricultrices et les agriculteurs font don du produit de la vente des cultures produites sur une partie de leurs terres à la Banque canadienne des graines (CFGB pour son acronyme anglais, voir site Web en anglais) pour l’aider à lutter contre la faim dans les pays du Sud. Développement et Paix – Caritas Canada (DPCC), les Ministères baptistes canadiens et le Comité central mennonite sont tous membres de la CFGB. Tous les Canadiennes et les Canadiens, y compris vous et moi, sont invités à parrainer l’agriculture, qui coûte environ 350 $ l’acre (voir page Web en anglais).

Ce partenariat entre personnes agricultrices et personnes donatrices permet de récolter rapidement des sommes importantes : 250 000 dollars en 2024 et, au cours des sept dernières années, plus de 1,35 million de dollars pour le seul projet Grow Hope Saskatchewan (voir message sur Facebook en anglais). Les projets de la CFGB, y compris ceux financés par Grow Hope Saskatchewan et d’autres projets de culture à travers le Canada, servent les personnes qui en ont le plus besoin. Les soins vitaux prodigués aux jeunes enfants en Somalie par Trócaire, partenaire de DPCC, en sont un exemple.

Espoir, cultivé au Rwanda

Parce que l’essence même des projets de culture est l’entraide entre agricultrices et agriculteurs, notre voyage d’apprentissage a permis à trois couples de personnes agricultrices de la Saskatchewan de voir le fruit de leur dur labeur en matière de collecte de fonds : la transformation de la vie de familles agricoles à l’étranger. Le Rwanda a été choisi parce que les partenaires y ont des liens étroits entre eux et parce que la solide infrastructure de transport du pays permettait de couvrir une grande partie du territoire en 12 jours. La grande beauté naturelle du Rwanda et l’accueil de ses habitants ont également joué un rôle dans notre choix.

Notre groupe de voyage comprenait également sept autres personnes : des volontaires et des employé·e·s d’agences de développement baptistes, mennonites et catholiques du Canada. Nous avons rencontré des partenaires et prié avec des communautés religieuses à Kigali. Ensuite, nous avons visité des projets situés dans les régions est, nord, ouest et sud de la capitale, avant de revenir à l’aéroport international de Kigali.

Dès le départ, nous avons eu l’impression d’être dans un tourbillon. Le premier jour, nous avons été accueillis par des agricultrices et des agriculteurs qui chantaient et dansaient, la plupart dans le cadre d’un projet du Comité central mennonite qui promeut la sécurité alimentaire par le biais de l’agriculture de conservation. Les dirigeant·e·s, pour la plupart des femmes, nous ont fièrement montré leurs fermes et nous ont gracieusement servi un délicieux repas complet sur le plan nutritionnel, à partir de la générosité du sol rwandais. Il était réconfortant de voir la communauté prospérer sous la direction dévouée de personnes dont le projet avait contribué à renforcer les capacités.

Les leçons tirées du Rwanda

Plus loin, nous nous sommes assis dans une salle de classe pour apprendre le « secret » du succès de l’agriculture de conservation auprès d’un responsable de projet de l’Association des églises baptistes du Rwanda. Il nous a expliqué comment augmenter les rendements sans recourir à des pesticides et à des engrais coûteux grâce à des pratiques judicieuses, telles qu’un travail minimal du sol, la couverture du sol avec de la paille pour protéger les jeunes plants et maintenir l’humidité, la rotation et le mélange des cultures, et l’utilisation de compost fait maison (regarder une vidéo de la CFGB en anglais).

Ces méthodes ont permis d’augmenter les rendements de manioc de 3 000 %, passant de 3 à 90 kilogrammes par plante ! Les résultats étaient similaires pour les cultures de maïs, de patates douces, de manioc et de pommes de terre dans tous les projets d’agriculture de conservation que nous avons vus. Je n’aurais pas cru cela possible si je ne l’avais pas vu de mes propres yeux. Je suis maintenant inspiré pour mettre en œuvre ces techniques dans mon propre potager cet été. Après tout, il s’agissait bien d’une « tournée d’apprentissage » !

Les Canadien·ne·s, qui gaspillent près de la moitié de la nourriture qu’ils produisent, peuvent tirer d’autres leçons du Rwanda. Les projets que j’ai vus produisent des cultures qui répondent aux besoins nutritionnels, en équilibrant les légumineuses avec les céréales, les légumes et les féculents. Les excédents sont stockés dans des greniers communautaires (l’un d’entre eux a été mis en place par Caritas Rwanda et fonctionne désormais de manière indépendante) dans des sacs PICS, qui conservent les céréales au sec et en toute sécurité à peu de frais et sans produits chimiques. Ils peuvent être vendus et exportés vers d’autres communautés, ce qui permet aux agricultrices et aux agriculteurs de gagner de l’argent pour aider leurs familles à surmonter les périodes de vaches maigres.

Des expériences édifiantes, exaltantes, solennelles et qui font réfléchir

Nous avons découvert l’histoire naturelle, culturelle et politique du Rwanda en visitant le parc national d’Akegara, le musée du palais du roi et le mémorial du génocide de Kigali. Nous avons également participé à divers projets sociaux, tels que des ateliers de résolution des conflits communautaires, des associations villageoises d’épargne et de crédit et une bibliothèque de la paix pour les enfants. Nous avons pris connaissance des recherches menées sur les plants de pommes de terre exempts de maladies, qui sont essentiels à la sécurité alimentaire du Rwanda. Nous avons visité les bureaux des partenaires locaux et rencontré tant de personnes inspirantes, engagées dans la défense de la dignité humaine, que je me suis réjouie qu’il n’y ait pas eu de test de mémorisation des noms à la fin du voyage !

Ce voyage a été un pèlerinage dans tous les sens du terme. Il a été rempli de prières, épuisant, mais gratifiant. Malgré notre bonne humeur, il y a eu des défis à relever. La plupart d’entre nous sont tombés malades un soir et ont dû annuler les activités du lendemain. Une personne a eu une rechute de zona, mais avait heureusement apporté des médicaments au cas où. Deux personnes proches de membres de notre équipe sont décédées pendant le voyage et nous avons prié ensemble pour leurs âmes. Nous avons également prié pour notre Saint-Père, qui était si malade que nous pensions qu’il allait mourir (heureusement, il semble maintenant se rétablir).

Nous avons vu de nos propres yeux les conséquences des coupes brutales de l’USAID : près de la moitié du personnel de Caritas Rwanda a été licencié. Lorsque la nation la plus riche du monde réduit son financement parce qu’elle « ne peut pas se le permettre », les Rwandais·e·s, dont le PIB par habitant est d’environ 1 000 USD, doivent combler le manque à gagner pour le développement de leurs communautés.

Plus que jamais, j’ai été frappé par l’impact de la solidarité, à la fois dans le cadre de notre tournée d’apprentissage où nous nous sommes soutenus les uns les autres et en visitant tant d’organisations locales qui améliorent la vie des Rwandaises et des Rwandais. Comme l’a écrit le pape François dans Fratelli Tutti, « personne ne se sauve tout seul ».

Les voyages se terminent, les pèlerinages perdurent

Alors que nous revenions à notre point de départ, je me suis demandé comment nous pouvions faire la différence et construire un avenir meilleur pour notre famille humaine dans notre maison commune. La mission de DPCC continue de m’inspirer. Notre vision de vivre ensemble dans la dignité, la solidarité, la justice et la paix est ancré dans le cœur de nos membres qui collectent des fonds pour le travail dynamique et vivifiant de nos partenaires dans le monde entier. En cette période de Carême, vous pouvez soutenir notre mission en faisant un généreux don unique ou en adhérant à notre programme de dons mensuels « Partagens ».

Mon voyage s’est terminé avec le vol de retour de Kigali, mais votre pèlerinage de solidarité n’a pas à se terminer, et avec votre soutien, le bon travail de nos partenaires dans le monde entier ne se terminera pas non plus.

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