Sauver des vies, semer l’espoir : réflexions du terrain en Somalie

Par Dominique Godbout, Chargée des programmes d’aide humanitaire

Début mai, j’ai eu la chance de visiter notre programme en Somalie, en compagnie de notre directeur des programmes internationaux, Stéphane Vinhas, et d’un représentant de la Banque canadienne de grains (voir site Web en anglais).

En traversant le camp de Jazira, dans la région de Gedo, je suis choquée par les conditions de vie des femmes, des hommes, des filles et des garçons déplacé.e.s. Ils dorment dans des abris provisoires, exposé.e.s à des conditions météorologiques extrêmes et à d’autres risques. Ils manquent d’infrastructures d’eau et même des articles ménagers les plus élémentaires nécessaires à leur survie quotidienne. Luttant pour avoir accès à de la nourriture, nombre d’entre eux risquent de mourir de faim.

La Somalie, comme d’autres pays de la Corne de l’Afrique, est dévastée par la pire sécheresse que la région ait connue depuis 40 ans, après cinq saisons des pluies consécutives infructueuses. Le manque de pluie a entraîné une succession de récoltes insuffisantes ou manquées, une perte de revenus agricoles pour les agriculteurs et une perte de bétail pour les éleveurs.

Dans l’ensemble du pays, environ 6,6 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et à une faim sévère d’ici la fin du mois de juin (voir rapport en anglais). Une aide humanitaire est nécessaire pour quelque 8,25 millions de personnes, soit près de la moitié de la population somalienne. La sécheresse a forcé plus de 1,3 million de personnes à abandonner leurs maisons (voir analyse en anglais) et à migrer vers des sites de déplacement tels que le camp de Jazira. La crise est exacerbée par des conditions météorologiques imprévisibles, les changements climatiques, l’instabilité politique et les tensions ethniques. Les personnes les plus vulnérables, notamment les enfants, les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées, sont les plus touchées.

Grâce au financement de la Banque canadienne de céréales vivrières, Développement et Paix ― Caritas Canada, aide Trócaire (voir site Web en anglais), une agence sœur du réseau Caritas, à sauver des vies dans la région de Gedo en fournissant une aide alimentaire et nutritionnelle aux personnes touchées par la sécheresse, en particulier les enfants de moins de cinq ans et les mères. Le projet a servi plus de 118 873 personnes depuis 2017.

J’ai rencontré des personnes dont la vie a été transformée par ce projet et j’ai entendu parler de dizaines d’autres. Voici deux des histoires qui m’ont le plus marqué.

Muslimo Aden Talcoy, 20 ans, une mère de cinq enfants, est originaire de Luuq. Son plus jeune fils, Ducale Nuuron Robon, souffre de malnutrition. Chaque semaine, la mère et le fils se rendent à la clinique Trócaire, où ils reçoivent un aliment thérapeutique prêt à l’emploi (ATPE) appelé PlumpySup. Cette pâte à base d’arachide est utilisée pour traiter la malnutrition sévère et réduire le besoin d’hospitalisation. Le petit Ducale sera traité avec cette pâte jusqu’à ce qu’il prenne suffisamment de poids, ce qui prend environ quatre mois.

Pendant sa visite à la clinique, Mme Talcoy participe également à des séances d’information hebdomadaires au cours desquelles elle s’informe sur la vaccination, la nutrition et l’allaitement. En un an, 9 428 parents et soignant·e·s comme elle recevront des connaissances et des compétences sur la nutrition optimale des bébés et des jeunes enfants.

Pour prévenir la malnutrition et améliorer la sécurité alimentaire et les bilans nutritionnels, Développement et Paix ― Caritas Canada a également aidé Trócaire à former 150 femmes à des techniques agricoles plus efficaces, à leur fournir des intrants agricoles (outils et semences) et à leur donner accès à des terres arables pour y cultiver des fruits, des légumes, du maïs, du sorgho, etc.

L’une des participantes au projet, Hawo Adan Mohamed, a pu récolter suffisamment de nourriture pour en vendre une partie dans le village. Avec le produit de la vente, elle a adhéré à l’association d’épargne et de crédit du village, que le projet avait également mise en place. Un prêt de l’association l’a aidée à ouvrir un magasin au marché local et à y vendre des marchandises.

En apportant des solutions durables et communautaires à des femmes comme Mme Mohamed, nous visons à renforcer leur résilience face à des chocs récurrents comme la sécheresse. Un projet à la fois, nous aidons les communautés à surmonter les défis chroniques en leur fournissant les ressources et les capacités nécessaires pour absorber, s’adapter et se transformer face au stress et à l’incertitude, et finalement sortir de la pauvreté. Nous avons besoin de votre aide pour mener à bien cette initiative à long terme et pour répondre aux besoins immédiats en matière de lutte contre la faim.

En montant dans l’avion qui me ramenait à Montréal, j’ai pensé à la façon dont les femmes et les hommes du camp de Jazira étaient ému.e.s que nous ayons voyagé depuis le Canada pour leur rendre visite. Au fil de leurs épreuves, ils ont constaté que la solidarité ne connaissait pas de frontières. Le fait que nous ne les ayons pas oubliés leur a donné de l’espoir.

Et c’est ce que nous faisons : à travers notre solidarité, nous apportons de l’espoir et de la force aux personnes qui luttent pour la justice et la dignité dans le monde entier.


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