Enseignement social de l’Église

L’enseignement social de l’Église couvre toutes les sphères de la vie ― la vie économique, politique, personnelle et spirituelle.

L’enseignement social de l’Église offre une riche tradition de réflexion pour nous engager dans le monde grâce à notre foi. En plaçant la dignité en son centre, l’enseignement social de l’Église est à la base de ce que le pape François appelle le « développement humain intégral », où on reconnaît que tout est interrelié. Dans son message pour la rencontre des mouvements populaires, il déclare : « la Doctrine sociale de l’Église ne contient pas toutes les réponses, mais elle possède certains principes qui peuvent aider ce chemin à concrétiser les réponses et aider tant les chrétiens que les non-chrétiens ».

Il existe de nombreuses organisations de développement dans le monde, mais ce qui distingue Développement et Paix ― Caritas Canada, c’est qu’elle est enracinée dans l’enseignement social de l’Église. Dans ce texte, vous pourrez explorer dix principes de cet enseignement, comprendre leur interrelation et la manière dont ils guident notre travail. 

Le fondement de toute la doctrine sociale catholique est la dignité inhérente à la personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’Église, par conséquent, appelle à un développement humain intégral qui englobe le bien-être de chaque personne dans toutes ses dimensions : économique, politique, sociale, écologique et spirituelle.

« Une société juste ne peut être réalisée que dans le respect de la dignité transcendante de la personne humaine. Celle-ci représente la fin dernière de la société… « Aussi l’ordre social et son progrès doivent-ils toujours tourner au bien des personnes… et non l’inverse. »
Compendium de la doctrine sociale de l’Église, 132

La dignité ne peut être acquise ou enlevée, mais elle est souvent niée. Quand des personnes sont exclues, marginalisées ou forcées de vivre dans des conditions dangereuses ou malsaines, elles sont traitées comme si elles n’avaient aucune dignité. Développement et Paix ― Caritas Canada et nos partenaires, nous œuvrons pour un monde qui affirme la dignité de tous et toutes, quelle que soit leur origine.

La dignité des personnes est souvent niée de manière structurelle, par une économie d’inégalité ou par discrimination à l’encontre de groupes spécifiques. Grâce à des projets d’organisation communautaire, de formation au droit au logement ou d’éducation des femmes, nos partenaires aident les communautés à se regrouper pour reconnaître, défendre et promouvoir leur dignité, tout en transformant notre monde dans le processus.

Quand un désastre frappe, que ce soit un tremblement de terre ou un typhon, Développement et Paix ― Caritas Canada s’appuie sur des organisations locales pour fournir des biens de première nécessité, des couvertures, de la nourriture, des abris. Nos partenaires s’occupent aussi des besoins émotionnels des personnes affectées par des services de counseling psychosocial et post-traumatique. Des secours d’urgence centrés sur la dignité rendent les communautés plus résilientes aux désastres en s’attaquant aux causes sous-jacentes de la pauvreté qui avaient créé leur vulnérabilité au départ.

Nous construisons un monde où toutes et tous seront traités avec la dignité qui leur est due et où ils auront les moyens de vivre une vie digne.

« Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité ».
― Concile Vatican II, Gaudium et Spes, 69

« Les exigences du bien commun… concernent avant tout l’engagement pour la paix, l’organisation des pouvoirs de l’État, un ordre juridique solide, la sauvegarde de l’environnement, la prestation des services essentiels aux personnes, et dont certains sont en même temps des droits de l’homme : alimentation, logement, travail, éducation et accès à la culture, transport, santé, libre circulation des informations et tutelle de la liberté religieuse.350 Il ne faut pas oublier l’apport que chaque nation est en devoir de fournir pour une véritable coopération internationale, en vue du bien commun de l’humanité tout entière, y compris pour les générations à venir. »
Compendium de la doctrine sociale de l’Église, 166

Développement et Paix ― Caritas Canada appuie des organisations qui œuvrent pour le bien de communautés entières, et non pour quelques individus ou entreprises. Même si Dieu souhaite que toute l’humanité puisse bénéficier équitablement de la création, la recherche du profit morcelle et privatise la création, transformant ce don de Dieu en commodités qui s’achètent et se vendent, et ne profitent pas à tous.

L’eau en est un bon exemple. Depuis 2003, nous avons travaillé à promouvoir le caractère public de l’eau, tant ici qu’à l’étranger. Traditionnellement, l’eau se partageait entre les paysans locaux. Aujourd’hui pourtant, la Banque mondiale et d’autres institutions internationales pressent les États de privatiser la gestion de l’eau et d’autres ressources naturelles. Nos partenaires travaillent à renforcer la gestion communautaire de l’eau, et ils exigent un meilleur contrôle de l’eau par les pouvoirs publics, un meilleur accès à l’eau pour les populations des zones rurales et urbaines, et le droit des populations à bénéficier de leurs sources d’eau, lacs, fleuves et rivières.

Ici au pays, Développement et Paix ― Caritas Canada a fait la promotion de « zones libres d’eau embouteillée ». En 2003, nos membres présentaient à leurs gouvernements municipaux une Déclaration sur l’eau en cinq principes, dont les personnes avant le profit, l’accès à l’eau en tant que droit humain fondamental, et l’eau en tant que bien commun et non comme ressource à exploiter au profit de personnes ou d’entreprises.

Travailler pour le bien commun ne nous fait pas renoncer à notre individualité, cela nous permet d’explorer et de renforcer nos propres capacités, tout en créant l’espace pour que d’autres puissent faire de même.

Nous faisons tous et toutes partie de la communauté humaine, et nous sommes tous et toutes interconnecté.e.s et interdépendant.e.s. Quand une partie de cette communauté souffre, c’est nous tous qui souffrons. La solidarité c’est reconnaître que nous sommes tous ensemble dans cette histoire, et que nous devons renforcer la communauté et promouvoir une société juste.

« Celle-ci “[la solidarité] n’est donc pas un sentiment de compassion vague ou d’attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire, c’est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c’est-à-dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous ».
― Saint Jean-Paul II, Sollicitudo Rei Socialis, 38

« La solidarité… est beaucoup plus que certains gestes de générosité ponctuels. C’est penser et agir en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens de la part de certains. C’est également lutter contre les causes structurelles de la pauvreté, de l’inégalité, du manque de travail, de terre et de logement, de la négation des droits sociaux et du travail. C’est faire face aux effets destructeurs de l’Empire de l’argent : les déplacements forcés, les émigrations douloureuses, la traite de personnes, la drogue, la guerre, la violence et toutes les réalités que beaucoup d’entre vous subissent et que nous sommes tous appelés à transformer. La solidarité, entendue dans son sens le plus profond, est une façon de faire l’histoire et c’est ce que font les mouvements populaires.
― Pape François, Rencontre mondiale des mouvements populaires, 2014

Vivre la solidarité est au cœur même de la mission de Développement et Paix ― Caritas Canada : se battre contre l’injustice aux côtés de nos partenaires, et soutenir leurs efforts, ici au Canada, par la collecte de fonds, l’éducation, la mobilisation et le plaidoyer. Nos programmes internationaux, ancrés dans des partenariats de solidarité, sont conçus et réalisés par des organisations locales qui comprennent les réalités de leurs communautés et savent comment les aborder.

Au Canada, nos membres s’engagent personnellement à promouvoir le changement. Qu’ils parcourent une centaine de kilomètres pour aller rencontrer leurs députés, qu’ils s’adressent à leurs paroisses, qu’ils participent à des rallyes pour la justice climatique, les membres de Développement et Paix ― Caritas Canada pratiquent la solidarité dans leur vie quotidienne.

Il est important d’exercer la charité, mais la solidarité exige aussi de construire des liens solides pour affronter ensemble les causes sous-jacentes de l’injustice. Agir en solidarité signifie de réaliser des choses avec les autres, et non pour les autres, de faire nôtres leurs luttes, et de travailler dans la coopération mutuelle.

Le test moral de toute société est la façon dont elle traite les personnes les plus vulnérables. Dieu aime tous les humains, mais il privilégie les pauvres, et nous appelle à en faire autant.

« Les besoins des pauvres doivent avoir préséance sur les désirs des riches; les droits des travailleurs sur la maximisation des profits; la préservation de l’environnement sur l’expansion incontrôlée de l’industrie; la production doit répondre aux besoins sociaux plutôt qu’à la production de biens à des fins militaires ».
― Saint Jean-Paul II, Address to the members of different Churches and Christian communions, Toronto, 1984 (traduction libre)

« C’est là une option, ou une forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l’Église. Elle concerne la vie de chaque chrétien, en tant qu’il imite la vie du Christ, mais elle s’applique également à nos responsabilités sociales et donc à notre façon de vivre, aux décisions que nous avons à prendre de manière cohérente au sujet de la propriété et de l’usage des biens. Mais aujourd’hui, étant donné la dimension mondiale qu’a prise la question sociale, cet amour préférentiel, de même que les décisions qu’il nous inspire, ne peut pas ne pas embrasser les multitudes immenses des affamés, des mendiants, des sans-abri, des personnes sans assistance médicale et, par-dessus tout, sans espérance d’un avenir meilleur ».
Compendium de la doctrine sociale de l’Église, 182

Développement et Paix ― Caritas Canada applique ce principe préférentiel à ses partenariats. Que ce soit dans le cadre de programmes humanitaires ou de développement à long terme, nous travaillons avec des partenaires qui sont les mieux placés pour identifier et fournir de l’aide aux communautés les plus pauvres et les plus vulnérables, et pour les accompagner. Les histoires et les témoignages de ces communautés sont la matière première de notre matériel pédagogique, offrant ainsi un espace à ces voix qu’on n’entend pas souvent dans la société canadienne.

Nous abordons aussi l’impact, sur la vie et le travail des autres, de notre mode de vie ici au Canada, que ce soit par notre consommation, nos investissements ou nos politiques nationales. Certains de nos membres vont payer davantage pour acheter du café équitable, tout en sachant qu’ils auront moins d’argent à dépenser, ou qu’ils devront boire moins de café. D’autres encouragent le désinvestissement des compagnies extractives. D’autres encore plaident pour une économie alternative, où les pauvres ne sont pas exploités ni exclus de ce confort dont d’autres bénéficient.

La Terre est sacrée. Toute la création possède sa valeur intrinsèque. Nous avons la responsabilité de protéger et de chérir la diversité écologique de la terre, la beauté, et les systèmes durables qui protègent la vie. Ensemble, nous devons sauvegarder et protéger notre maison commune pour les générations à venir.

« Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. Le Créateur ne nous abandonne pas, jamais il ne fait marche arrière dans son projet d’amour, il ne se repent pas de nous avoir créés. L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune. »
― Pape François, Laudato Si », 13

« Mais aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. »
― Pape François, Laudato Si », 49

Le thème du développement est aussi aujourd’hui fortement lié aux devoirs qu’engendre le rapport de l’homme avec l’environnement naturel. Celui-ci a été donné à tous par Dieu et son usage représente pour nous une responsabilité à l’égard des pauvres, des générations à venir et de l’humanité tout entière.
― Pape Benoît XVI, Caritas in Veritate, 48

La création de Dieu nous est donnée pour que nous puissions tous et toutes en bénéficier. Mais les changements climatiques, causés par nos habitudes de production et de consommation, menacent la vie humaine, animale et végétale, partout dans le monde.

Développement et Paix ― Caritas Canada soutient des partenaires de la base qui travaillent pour la justice écologique de différentes manières, par la promotion d’une agriculture résiliente au climat, par la défense de biorégions fragiles, par la résistance aux industries extractives destructrices. Les changements climatiques affectent tout le monde, mais ce sont les communautés qui en sont les moins responsables qui écopent le plus. Le travail de nos partenaires auprès de ces communautés vulnérables n’en devient que plus pertinent.

Le Canada porte une responsabilité additionnelle à cause de sa relation particulière avec des industries qui ont un long historique de violations des droits humains et de l’environnement. La majorité des industries minières mondiales ont leur siège social au Canada, ou y lèvent leurs capitaux. Les communautés des pays du Sud affectées par l’industrie minière canadienne ont énormément de difficultés, quand cela n’est pas carrément impossible, à se faire entendre dans les cours de justice canadiennes. C’est pourquoi nos membres travaillent depuis 2008 à obtenir que les compagnies canadiennes soient tenues responsables de leurs actions et que les communautés des pays du Sud, affectées par ces actions, puissent trouver justice au Canada.


L’État est un instrument de promotion de la dignité humaine, de protection des droits humains, et de développement du bien commun. La subsidiarité implique que les responsabilités du gouvernement doivent être prises aussi près que possible des populations. Les plus hauts niveaux de gouvernement ne devraient intervenir que lorsqu’une responsabilité ne peut être réalisée à un niveau inférieur.

Ce principe va de pair avec celui de la participation, qui implique que toutes les personnes ont le droit de participer à la vie économique, politique et culturelle de la société, et aux décisions qui affectent leurs communautés.

« … dès lors le rôle des gouvernants consiste surtout à garantir la reconnaissance et le respect des droits, leur conciliation mutuelle, leur défense et leur expansion, et en conséquence à faciliter à chaque citoyen l’accomplissement de ses devoirs ». 
― Saint Jean XXIII, Pacem in Terris, 77

“Le principe de subsidiarité, développé dans le cadre de l’enseignement social de l’Église, établit ceci : ce que les personnes peuvent accomplir de leur propre initiative et par leurs efforts propres ne devrait pas leur être enlevé par une autorité supérieure. Une institution sociale de haut niveau ne devrait pas s’arroger les responsabilités d’organisations subordonnées, ni les dépouiller de leur compétence. Elle devrait plutôt se donner comme objectif d’intervenir de façon subsidiaire (d’offrir de l’aide) lorsque les personnes ou les plus petites institutions constatent que la tâche est au-dessus de leurs forces ». (Traduction libre)
― YOUCAT, 323

Plutôt que d’envoyer des « experts du développement » ou des volontaires canadiens pour mener des projets dans les pays du Sud, Développement et Paix ― Caritas Canada soutient des organisations locales. Ces partenaires font la promotion d’alternatives aux systèmes injustes et trouvent des solutions qui profitent à des communautés entières. Reconnaissant l’expertise des ressources locales sur les enjeux qui les concernent, notre modèle de partenariat renforce le pouvoir des communautés à devenir des agents de leur propre développement, à leurs propres conditions.

Nous encourageons aussi la coopération internationale et la gouvernance responsable. Trop souvent, les gouvernements agissent dans leur propre intérêt, ou dans celui de grandes entreprises ou de gens puissants, plutôt que de veiller à l’intérêt des communautés. La subsidiarité affirme le rôle de l’État pour renforcer des institutions et des communautés justes, répondre aux besoins des personnes et à leurs aspirations, et collaborer avec d’autres États à construire un monde plus équitable.


Les humains sont des êtres sociaux et notre façon de vivre ensemble a un impact sur la dignité des personnes et le progrès de la société. Toutes les personnes ont le droit de participer à la communauté et aux décisions qui affectent leurs vies. Les sociétés doivent les encourager et les aider à s’impliquer, pour qu’elles ne soient pas des acteurs passifs de leur histoire.

« Il est impossible d’imaginer un avenir pour la société sans la participation, en tant qu’acteurs, des grandes majorités et ce rôle d’acteur transcende les processus logiques de la démocratie formelle. La perspective d’un monde de paix et de justice durables nous demande de dépasser l’assistantialisme paternaliste, exige que nous créions de nouvelles formes de participation qui incluent les mouvements populaires et animent les structures de gouvernement locales, nationales et internationales, avec le torrent d’énergie morale qui naît de la participation des exclus à la construction d’un avenir commun. Et cela avec une âme constructive, sans ressentiment, avec amour ».
― Pape François, Rencontre mondiale des mouvements populaires, 2014

Développement et Paix ― Caritas Canada est une organisation démocratique, portée par ses membres. Les membres de partout au Canada forment des conseils diocésains qui élisent en leur sein ceux et celles qui constitueront notre instance de gouvernance, le Conseil national. Chaque année, nous menons une campagne d’éducation qui nous rappelle nos rôles et responsabilités en tant que citoyens et citoyennes du monde, et qui offre aux membres une occasion d’agir. À l’étranger, nous soutenons des organisations de la base qui s’emploient à renforcer leurs communautés. Certains de nos partenaires aident les communautés marginalisées à créer des coopératives ou des syndicats. D’autres sensibilisent leurs communautés à leurs droits et défendent les droits territoriaux de peuples menacés.

Nos partenaires renforcent leurs communautés pour les rendre responsables de leur propre développement. Que ce soit par des programmes de changement social à long terme ou par des initiatives d’urgence et de reconstruction, les communautés avec lesquelles nous travaillons identifient elles-mêmes leurs besoins, proposent des solutions et mettent en place de nouvelles façons de travailler ensemble. Cette approche participative est souvent plus longue à mettre en place, et peut même coûter plus cher, mais elle garantit l’appropriation et la durabilité du processus et des résultats.

Quand les gens participent et se sentent parties prenantes, ils contribuent à écrire l’œuvre de Dieu pour la justice dans le monde. 


Les droits émanent des besoins de chaque être humain pour vivre dans la dignité, selon la volonté de Dieu. Les droits sont inséparables de notre responsabilité à prendre soin des autres, à s’assurer que leurs droits soient respectés, et à ne pas prendre plus que nécessaire pour ne pas exercer nos droits aux dépens des autres.

« Aussi, l’harmonie d’un groupe réclame-t-elle la reconnaissance et l’accomplissement des droits et des devoirs. Mais en outre chacun est appelé à concourir généreusement à l’avènement d’un ordre collectif qui satisfasse toujours plus largement aux droits et aux obligations ».
― Saint-Jean XXIII, Pacem in Terris, 31

« On a souvent noté une relation entre la revendication du droit au superflu ou même à la transgression et au vice, dans les sociétés opulentes, et le manque de nourriture, d’eau potable, d’instruction primaire ou de soins sanitaires élémentaires dans certaines régions sous-développées ainsi que dans les périphéries des grandes métropoles. Cette relation est due au fait que les droits individuels, détachés du cadre des devoirs qui leur confère un sens plénier, s’affolent et alimentent une spirale de requêtes pratiquement illimitée et privée de repères. L’exaspération des droits aboutit à l’oubli des devoirs ».
― Pape Benoît XVI, Caritas in Veritate, 43

Au Canada, nous sommes habitués de réfléchir en termes de droits, comme le droit à la liberté d’expression, le droit de rassemblement pacifique. Mais les gens ont aussi droit à la terre, au travail et au logement; nous avons tous besoin de nous épanouir et d’être en santé. Ces droits sont plus que des droits individuels. Les communautés, les nations, les peuples aussi ont des droits, le droit à l’autodétermination, celui de vivre en paix. Quand ces droits sont niés, nous sommes conviés à les défendre.

Dans les pays du Nord, nous sommes souvent très centrés sur les droits individuels, mais plutôt discrets sur les droits collectifs. Mettre l’emphase sur les droits individuels peut nous amener à ignorer nos obligations envers les autres. Nous sommes appelés non seulement à affirmer nos propres droits, mais aussi à être présents et ouverts aux autres, en reconnaissant qu’aucun droit ne peut exclure ou surpasser les besoins des autres, particulièrement des pauvres.

Les droits et les responsabilités sont enracinés dans la dignité et ne devraient pas être liés à l’accès aux marchés ou aux privilèges. Ensemble, Développement et Paix ― Caritas Canada et nos partenaires, nous travaillons à défaire les barrières systémiques à l’égalité des droits et des responsabilités.  


L’économie doit être au service des personnes, et non l’inverse. Toutes les personnes ont droit à un travail digne, à un salaire équitable et à des conditions de travail sécuritaires. Le travail est bien plus qu’une façon de gagner sa vie. Le travail est une façon de participer à la création de Dieu.

« Le marché à lui seul ne résout pas tout, même si, une fois encore, l’on veut nous faire croire à ce dogme de foi néolibéral …. Le néolibéralisme ne fait que se reproduire lui-même, en recourant aux notions magiques de “ruissellement” ou de “retombées” – sans les nommer – comme les seuls moyens de résoudre les problèmes […] Il faut penser à la participation sociale, politique et économique de telle manière “qu’elle [inclue] les mouvements populaires et anime les structures de gouvernement locales, nationales et internationales, avec le torrent d’énergie morale qui naît de la participation des exclus à la construction d’un avenir commun” Et en même temps, il convient de travailler à ce que “ces mouvements, ces expériences de solidarité qui grandissent du bas, du sous-sol de la planète, confluent, soient davantage coordonnées, se rencontrent […] Grâce à eux, un développement humain intégral sera possible, qui implique que soit dépassée ‘cette idée de politiques sociales conçues comme une politique vers les pauvres, mais jamais avec les pauvres, jamais des pauvres, et encore moins insérée dans un projet réunissant les peuples ».
― Pape François, Fratelli Tutti, 168, 169

Notre économie mondialisée n’est pas basée sur l’égalité, elle dépend plutôt de l’inégalité. La richesse et les ressources naturelles sont drainées des pays du Sud vers des entreprises multinationales et des pays du Nord. Les salaires sont maintenus bas pour protéger les marges de profit, et tout le système est propice à des cycles d’expansion et de contraction qui causent du chômage et des préjudices pour les gens ordinaires. Le déséquilibre des pouvoirs entre les travailleurs et les compagnies fait en sorte que ceux-ci ne bénéficient jamais de la juste part des profits qu’ils contribuent à créer. Les grandes banques et les élites politiques affirment que les marchés améliorent le niveau de vie général à terme, mais marchandiser la nature et privatiser les services contribue plutôt à exclure les pauvres et à les pousser encore plus à la marge.

Développement et Paix ― Caritas Canada soutient des partenaires qui font la promotion d’alternatives démocratiques, comme des coopératives, des syndicats, et des mouvements sociaux de la base. Au Canada, notre personnel est aussi regroupé au sein d’un syndicat. Nos membres plaident pour des changements dans le système mondial, y compris une certaine décroissance de nos économies au Nord, et encouragent un développement égalitaire, juste et autodéterminé pour les pays du Sud. 

Nous avons besoin d’un système économique qui fonctionne pour tout le monde et non seulement pour une petite élite au sommet de la pyramide. La justice économique implique un monde où toutes et tous peuvent profiter de la création de Dieu et des fruits d’un travail digne.


La paix est le but ultime de la vie sociale. Être en paix signifie être en relation avec Dieu, et les uns avec les autres. La paix est le fruit de communautés saines et le signe de la charité et de la justice en action.

‘La paix n’est pas une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l’équilibre de forces adverses; elle ne provient pas non plus d’une domination despotique, mais c’est en toute vérité qu’on la définit ‘œuvre de justice’.
― Concile Vatican II, Gaudium et Spes, 78

‘Il y a une ‘architecture’ de la paix où interviennent les diverses institutions de la société, chacune selon sa compétence, mais il y a aussi un ‘artisanat’ de la paix qui nous concerne tous ». ― Pape François,Fratelli Tutti, 231

“Si tu veux la paix, agis pour la Justice”.
― Pape Paul VI, Célébration de la journée de la paix, 1973

La paix est la conséquence positive d’une société juste, une situation où on peut baisser la garde et profiter de relations amicales les uns avec les autres. Nous pensons parfois à la paix par la négative, comme l’absence  de guerre ou de violence. Mais la paix est le résultat positif des efforts des institutions et des personnes pour créer et maintenir des sociétés justes.

Quand les choses vont mal, avec des guerres, des génocides, de la violence domestique, ou d’autres perturbations sociales des relations humaines, le chemin de la paix nous appelle à rechercher la justice, à réparer ce qui a été brisé et à préparer un nouveau cadre de dialogue. Dans les zones de conflit, les partenaires de Développement et Paix ― Caritas Canada contribuent à la construction de la paix par des formations au leadership, par le dialogue, et en s’attaquant aux causes sous-jacentes de la violence, comme la discrimination, l’instabilité économique, et la rareté. Le développement durable implique que les populations ont le soutien de leurs communautés et disposent de la sécurité matérielle nécessaire pour vivre leur vie sans peur ni désespoir.

Au Canada, nos membres travaillent à la construction de la paix en demandant à notre gouvernement de s’opposer à la guerre et à la violence, à désinvestir l’industrie de l’armement, et à tenir les compagnies canadiennes opérant à l’étranger responsables des violations qu’elles engendrent. Nous croyons aussi à la vérité et à la réconciliation avec les peuples autochtones, et à la justice pour tous ceux et celles qui se retrouvent acculé.e.s aux marges de la société canadienne.

Parce que nous voulons la paix, nous agissons pour la justice !

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