Par Une voix de Jérusalem pour la justice

Une voix de Jérusalem pour la justice est un collectif qui sert de témoin « œcuménique pour l’égalité et une paix juste en Palestine/Israël ». Il compte parmi ses membres Sa Béatitude Michel Sabbah, Patriarche latin émérite de Jérusalem, et l’éminent érudit jésuite, le père David Neuhaus. Lors d’un webinaire organisé par Développement et Paix – Caritas Canada en octobre dernier, le père David avait retracé l’histoire du conflit israélo-palestinien et fourni des réponses très perspicaces aux questions des participant·e·s. Ce communiqué, publié en anglais par le collectif à l’approche de Pâques, est reproduit ici avec leur gracieuse permission.
Jérusalem, 1er avril 2025
« Des profondeurs je crie vers toi »
(Psaume 129:1)
Nous vivons une période de crise profonde. Nous vous écrivons aujourd’hui parce que nous croyons que notre foi est destinée à briller dans des moments comme celui-ci.
Alors que la guerre à Gaza se poursuit, Israël a lancé une guerre en Cisjordanie, à l’abri des regards du monde. L’armée israélienne procède au plus grand déplacement de Palestinien·ne·s de Cisjordanie depuis 1967. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, plus de 40 000 Palestiniennes et Palestiniens ont déjà été déplacés et vivent actuellement sans abri, sans services essentiels et sans soins de santé.
Dans ce contexte, nous nous souvenons de la parabole racontée par Jésus. C’est une parabole qui se déroule sur ces mêmes terres. Un homme blessé gît sur le bord de la route. Jésus décrit celles et ceux qui sont passés à côté de lui sans s’arrêter. Le révérend Martin Luther King a suggéré qu’ils l’ont dépassé, craignant : que m’arrivera-t-il si je m’arrête ? Le révérend King a écrit que le bon samaritain s’est plutôt posé la question suivante : que lui arrivera-t-il si je passe à côté de lui ? Seul le bon Samaritain a agi pour sauver la vie de l’homme blessé. En nous souvenant de cette parabole, nous souhaitons à présent nous adresser à trois groupes de personnes.
À nos sœurs et frères de Gaza, de la ville de Gaza, de Khan Younis et de Rafah, et de Cisjordanie, de Naplouse, de Jénine et de Tulkarem :
Nous refusons de passer à côté de vous. Non seulement nous ne vous oublions pas, mais nous nous engageons à être solidaires avec vous. Nous vous portons dans nos prières. Nous pleurons avec vous. Nous cherchons à faire entendre vos cris dans un monde qui a besoin d’être secoué pour sortir de sa complaisance.
À celles et ceux qui, dans le monde entier, voient nos blessures mais ne s’expriment pas :
Nous reconnaissons votre peur et savons que les enjeux de la prise de parole sont élevés. Peut-être espérez-vous encore, dans votre silence, que quelqu’un s’arrêtera en chemin pour vous aider. Il devrait maintenant être évident que personne ne s’arrête. Récemment, le président des États-Unis, Donald Trump, a déclaré que dans quelques semaines, il ferait des annonces vitales sur l’avenir de notre patrie. Nous craignons que l’annexion des territoires palestiniens par Israël ne soit imminente. L’utilisation croissante des noms « Judée et Samarie » (au lieu de la Cisjordanie occupée), l’exploitation de la terminologie biblique pour confondre les réalités politiques actuelles, manifestent un désir de rayer la Palestine et les Palestinien·ne·s de la carte, en prétendant que nous n’existons pas. Il est temps d’insister sur le fait que les Palestinien·ne·s ont le droit de vivre dans leur patrie et de se joindre à celles et ceux qui, dans le monde entier, réclament l’égalité, la justice et la paix pour les Palestinien·ne·s comme pour les Israélien·ne·s.
Enfin, pour les personnes juives et les chrétiennes qui ont été amenées à croire que Dieu veut qu’Israël annexe notre patrie :
Nous tenons à affirmer clairement que vous avez été mal guidées. Toutes et tous, Palestinien·ne·s et Israélien·ne·s, sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ils sont tous égaux en dignité et en droits. En outre, notre Dieu est un Dieu d’amour qui abhorre la violence et aime tous ses enfants. Les Palestinien·ne·s sont votre « voisin ». Le commandement inviolable de la parole de Dieu que nous partageons est le suivant : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19:18, Matthieu 22:39, Marc 12:31, Luc 10:27, Romains 13:9). Expulser le peuple palestinien de leur patrie n’est pas seulement un acte de violence, c’est un sacrilège.
À l’approche de Pâques, nous affirmons une fois de plus que la lumière brille dans les ténèbres et que les ténèbres ne la vainquent pas. « C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ». (Jean 1:3-5)
― Une voix de Jérusalem pour la justice
Parmi les membres, on trouve :
- Sa Béatitude le Patriarche latin de Jérusalem Michel Sabbah (émérite)
- Sa Grâce l’évêque luthérien de Terre Sainte Munib Younan (émérite)
- M. Yusef Daher
- Mme Sawsan Bitar
- M. John Munayer
- M. Samuel Munayer
- Rév. David Neuhaus SJ
- Rév. Frans Bouwen MAfr
- Rév. Alessandro Barchi