Rencontrer et vivre l’« Ikike » avec Nnimmo Bassey

Par Jason Cegayle, animateur pour le Manitoba et Thunder Bay

Dans le cadre de ses campagnes de sensibilisation et de plaidoyer, Développement et Paix – Caritas Canada est toujours heureux d’accueillir des visiteurs de solidarité, des représentant·e·s d’organisations partenaires qui viennent rencontrer les Canadiennes et les Canadiens en personne et les sensibiliser aux réalités sociales vécues dans leur pays d’origine. Ces rencontres sont des expériences significatives qui offrent à la population canadienne la rare occasion de découvrir les réalités des changements climatiques et d’autres adversités, l’espoir et l’innovation que soutiennent nos partenaires, ainsi que la nécessité d’une solidarité mondiale.

La campagne actuelle Cultivons nos droits présente aux Canadien·ne·s les droits des paysan·ne·s inscrits dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP pour son acronyme anglais). Afin d’empêcher les entreprises canadiennes de bafouer ces droits, elle fait pression pour l’adoption d’une loi contraignante de diligence raisonnable en matière de droits humains et d’environnement.

Nnimmo Bassey : ici pour éduquer, plaider et inspirer

Pour expliquer pourquoi les communautés paysannes qu’il sert ont besoin d’une telle campagne, Nnimmo Bassey, directeur général de la Health of Mother Earth Foundation (HOMEF, la Fondation Santé de la Terre Mère), s’est rendu à Thunder Bay, Winnipeg et Ottawa du 26 septembre au 8 octobre 2024. Il a parlé aux Canadien·ne·s des réalités de la pollution pétrolière au Nigeria et de l’importance de la législation et du dialogue comme précurseurs du changement social.

Pour lancer sa visite de solidarité le vendredi 27 septembre, Nnimmo a rencontré des étudiant·e·s de premier et deuxième cycle du programme d’études sur la justice sociale de l’université Lakehead à Thunder Bay, en Ontario. Dans l’auditoire se trouvait Daniel Kofi, un ancien étudiant de Lakehead et notre représentant des jeunes pour le nord-ouest de l’Ontario. Ayant des racines au Ghana où les industries extractives sont très répandues, Daniel a senti que la présentation de Nnimmo était très proche de chez lui :  

« Nnimmo m’a inspiré au moment où les manifestations de jeunes contre l’exploitation minière illégale et la pollution de l’eau se multipliaient au Ghana, car son plaidoyer en faveur de la justice environnementale et des droits des communautés reflète les luttes auxquelles les Ghanéen·ne·s sont confronté·e·s aujourd’hui. »

L’université du Manitoba, qui a l’habitude d’inviter des personnalités éminentes à s’adresser aux étudiant·e·s, était le cadre naturel pour la prochaine présentation de Nnimmo, qui compte la médaille Wallenberg parmi ses nombreuses distinctions.

Nnimo a également fait une présentation hybride en ligne et en personne intitulée Le profit avant les gens : Examiner les conséquences de l’exploitation des ressources au Nigeria, à l’Institut Arthur V. Mauro pour la paix et la justice de l’université St. Paul, le 2 octobre. Nnimmo a mis de l’avant les dures réalités auxquelles le Nigeria est confronté, car l’absence de responsabilité internationale des entreprises exacerbe les violations des droits humains et de l’environnement qui font des ravages dans son pays. Jennifer Amadi, une étudiante nigériane à la maitrise en consolidation de la paix et en résolution des conflits, a déclaré :

« Il est important pour nous de renforcer la solidarité et notre conscience collective de la lutte du Niger pour un environnement propre et la responsabilité de nos réalités écologiques actuelles. Cette présentation m’a incité à plaider en faveur d’alternatives à l’extractivisme colonial et à les concevoir conjointement dans le cadre de mon travail universitaire et professionnel. »

Lier la recherche et l’action

Nnimmo est un passionné de recherche et de plaidoyer. Il souligne l’importance d’offrir des possibilités de recherche aux étudiant·e·s afin qu’ils puissent plaider efficacement en faveur du changement social et de l’innovation.

Avec le soutien de Développement et Paix – Caritas Canada, son organisation, HOMEF, mobilise et travaille en étroite collaboration avec de nombreux jeunes chercheuses et chercheurs qui, parfois au péril de leur vie, recueillent des données sur la pollution des champs agricoles saturés de pétrole et des rivières dont les eaux sont maintenant empoisonnées et non potables. Environ 80 % du personnel d’HOMEF et tout le personnel bénévole de recherche sont des jeunes.

« La recherche-action est essentielle car ses résultats jettent les bases d’un plaidoyer solide. Les jeunes s’attaquent aux racines des problèmes et ont de bonnes chances d’apprendre et de proposer des solutions lorsqu’ils participent à des recherches sur ces questions » Explique Nnimo.

S’adresser aux personnes de foi

Le message de Nnimmo a trouvé un écho non seulement chez les étudiant·e·s, mais aussi chez les fidèles, qui sont passionné·e·s par la préservation de la création.

Le 28 septembre, le diocèse de Thunder Bay a accueilli le webinaire national de lancement de la campagne dans le cadre de son atelier de formation à la campagne. Nnimmo faisait partie des panélistes aux côtés d’Aidan Gilchrist-Blackwood du Réseau canadien sur la reddition de comptes des entreprises et de Celeste Smith de l’Union nationale de Fermiers du Canada.

À la paroisse de St.Ignatius à Winnipeg, Nnimmo a participé à un événement intitulé Pour le meilleur et pour la terre, le 1er octobre. Il s’est adressé aux paroissien·ne·s des archidiocèses de Saint-Boniface et de Winnipeg, au grand public et aux groupes environnementaux manitobains, notamment aux Seniors for Climate et le Manitoba’s Climate Action Team. Sa présentation a souligné les actions que HOMEF entreprend pour répondre aux changements climatiques et pour mobiliser les communautés contre les effets néfastes de la pollution.

Nnimmo a également été l’orateur principal de la Western Conference for Social Justice, qui s’est tenue au Centre de retraite de St. Charles à Winnipeg du 4 au 6 octobre. Sa présentation était en phase avec les préoccupations des 19 agents pastoraux et laïcs des archidiocèses et diocèses de l’ouest du Canada qui s’étaient réunis pour prier, travailler en réseau, discuter des questions urgentes de justice sociale et planifier des réponses potentielles aux crises locales, nationales et internationales.

Ikike : difficile à traduire, puissant à ressentir

Toutes les personnes qui ont vu et écouté Nnimmo sont reparties avec un sentiment d’enrichissement. Elles ont assimilé une partie de la philosophie centrale de HOMEF, l’Ikike, un mot nigérian plein de sens. Dans la langue Ibibo, Ikike signifie écouter, raisonner, avoir du bon sens et de l’intelligence. En Igbo, il est synonyme de droits et de capacités. En faisant l’expérience de l’Ikike, les personnes participantes ont été habilitées à créer des espaces pour s’informer sur les réalités d’autres personnes, favoriser la conversation et prendre des mesures significatives.

Leur motivation nous aidera à soutenir la campagne avec HOMEF pendant l’automne et à mobiliser la population canadienne pour qu’elle agisse en solidarité avec les communautés paysannes et qu’elle plaide en faveur de lois plus strictes sur la responsabilité des entreprises.

Soulignant l’importance universelle de ce travail, Nnimmo a déclaré : « Une grande partie des défis socio-écologiques dans le monde peuvent être attribués à l’intransigeance des entreprises. Votre travail sur la responsabilité des entreprises devrait être intensifié car nous avons besoin d’un monde où la justice règne, en gardant à l’esprit que les crimes contre l’environnement ont souvent des implications globales ».

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