Réflexion hebdomadaire du 3 mars 2024, 3e Dimanche du Carême

Lectures 

Source : AELF (Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones) 

Exode 20, 1-17 
Psaume 18b (19), 8, 9, 10, 11 
1 Corinthiens 1, 22-25 
Jean 2, 13-25 

« Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »

— Jean 2, 16 

La Terre, notre temple 

Par Nicolas Kalgora, animateur pour les Maritimes 

Certains récits bibliques, en apparence contradictoires, sèment parfois le doute dans l’esprit d’un grand nombre de lectrices et de lecteurs. C’est le cas de l’Évangile du 3e dimanche du Carême de cette année qui présente un Jésus apparemment contraire à celui qui nous est souvent présenté. 

Habituellement, on nous présente Jésus, Homme et Dieu, Prince de la Paix, comme étant tendre, doux, humble, prêchant l’amour du prochain, le pardon, au point de « tendre l’autre joue à celui qui te gifle » (Mt 5, 39). Un Jésus Fils de Dieu, miséricordieux et lent à la colère comme le Père. Mais d’où vient cette « colère » de Jésus dans le Temple de Jérusalem ?    

La réponse est dans celle que Jésus lui-même a donné quand il a été sommé de se justifier et de justifier son geste. Dans sa réponse, il y a une incompréhension entre Jésus et ses interlocuteurs.  En effet, il y a deux Temples, celui de Jésus (Temple de son corps) et celui de ses interlocuteurs (Temple de Jérusalem). Mais peu importe, que l’on considère l’un ou l’autre Temple, la réponse de Jésus se résume en ceci : la Maison de mon Père est sacrée, il ne faut pas la salir, la polluer. Au contraire, il faut respecter et prendre soin de la Maison de mon Père. Et ce n’est pas ce que vous faites, c’est pourquoi j’agis ainsi.  

Et si aujourd’hui, le Temple, voire la Maison dont parle Jésus, était pour nous la Terre exploitée à outrance sur laquelle des guerres tuent des milliers de personnes innocentes ? 

Attardons-nous sur le Temple de Jérusalem, lieu de culte. Les marchands et les changeurs qui s’y trouvaient pensaient à tort qu’ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient dans l’enceinte du Temple : vendre, acheter et échanger des marchandises sans s’inquiéter. La Terre, notre Maison commune, pour emprunter l’expression du pape François, semble de plus en plus connaître le même sort. Combien d’entre-nous reconnaissent que la Terre ne nous appartient pas, que nous n’en avons que l’intendance? Parfois, elle est vendue ou revendue à un prix excessif parce qu’on y est arrivé en premier ou parce qu’on l’a l’achetée. Parfois elle est revendiquée de force ou accaparée pour servir à d’autres fins. Trop souvent, on détruit la Terre pour permettre à des compagnies multinationales d’en exploiter les ressources naturelles, sans respecter les communautés qui y habitent depuis des générations.  

Le Temple de Jérusalem était sacré pour Jésus. C’est exactement la considération que plusieurs communautés autochtones ou communautés rurales et paysannes ont pour la Terre, conscientes qu’elles l’ont hérité de leurs ancêtres et qu’elles la laisseront à leurs enfants, générations futures. Pour ces communautés, la terre, l’eau, les forêts, bref la Création de Dieu est sacrée. 

Ce Carême, les communautés paysannes que nous mettons en relief font face à des conséquences du changement climatique. Nous savons que l’activité humaine, notamment l’exploitation à outrance pour avoir le plus de profit possible, contribue malheureusement au réchauffement de notre planète. Au contraire, ces communautés soutenues par nos partenaires pratiquent une agriculture familiale qui leur procure une nourriture saine tout en contribuant à soigner la terre. Elles respectent et prennent ainsi soin à la fois de la terre, de l’eau et des forêts. 

Notre partenaire indonésien PAYOPAYO accompagne des communautés dans des villages afin qu’elles trouvent ensemble des solutions à des défis communs liés à l’agriculture, l’alimentation, l’énergie, la gestion durable des ressources naturelles ainsi que l’engagement des jeunes. Encourager les jeunes en leur enseignant l’agriculture et l’entreprenariat rural en vue d’une meilleure pratique agricole, c’est aussi prêcher ou semer en espérant récolter beaucoup des fruits et rendre grâce à Dieu. Et les fruits ici, c’est l’utilisation saine de la terre pour en vivre, tout en respectant l’environnement. Car si les jeunes ne s’engagent pas, cette agriculture ne peut avoir d’avenir faute de relève pour poursuivre ce que les générations antérieures ont fait. Cette formation des jeunes au travail de la terre souligne le souci de ces communautés de produire de la nourriture localement au lieu de l’acheter d’ailleurs, autrement dit, de l’importer. Or qui dit importer de la nourriture, dit exploitation à grande échelle et transports sur de nombreux kilomètres, facteurs qui contribuent au réchauffement climatique.   

En conclusion, demandons-nous comment aurait agi Jésus en arrivant au Temple s’il avait trouvé des gens en train d’entretenir, d’orner et d’embellir ce lieu sacré, voire en train de prier ou de proclamer la parole de Dieu. Demandons-nous aussi comment nous prenons soin de la Terre, notre Maison commune. 

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