Dimanche de la solidarité
Évangile : Jean 11,1-45
Les larmes silencieuses et la puissance divine de Jésus
Les lectures d’aujourd’hui sont imprégnées de la miséricorde et de la compassion de Dieu pour l’humanité. C’est par elles que l’Esprit de Dieu insuffle la vie dans ce qui serait autrement mort. L’Évangile, en particulier, décrit de façon magnifique la relation intime que Jésus entretient avec la condition humaine et sa rédemption. Jésus aime Lazare et ses sœurs, Marie et Marthe. Il choisit d’aller vers eux, même si cela met sa vie en danger. Quand ses disciples lui demandent s’il désire vraiment retourner en Judée, où il vient de risquer la lapidation, il répond que c’est sa volonté.
Avons-nous le courage de suivre Jésus pour nous rapprocher des gens qu’il aime, même si cela nous met en danger à ses côtés ? Pouvons-nous dire, comme Thomas, « allons-y, nous aussi, afin de mourir avec lui » ? Quels sacrifices sommes-nous prêts à faire pour suivre Jésus et aider celles et ceux qui risquent la violence et la mort ? Voilà les questions que nous devons examiner si nous désirons réellement devenir ses disciples.
« Jésus pleura » est généralement reconnu comme étant le plus court verset de la Bible. Ces deux mots résument à eux seuls toute l’humanité du Christ. Jésus sait qu’il va ressusciter Lazare. Alors pourquoi pleure-t-il sa mort ? Le verbe grec utilisé dans cette phrase, δακρύω (dakruó), signifie « pleurer en silence ». Il ne s’agit donc pas de lamentations ou de sanglots déchirants, mais de larmes qui ne sont visibles qu’à l’œil attentif. On peut imaginer le Seigneur absorber la souffrance éprouvée par Marie et Marthe à la mort de leur frère. On peut deviner que leur tristesse, et celle de toutes les personnes présentes, est palpable. Incarnant pleinement son humanité, Jésus vit intensément la perte de son ami Lazare. Il éprouve de la douleur, mais je crois que la source de ses larmes est bien plus complexe.
J’aime imaginer qu’à ce moment précis, Jésus ressent le plus profondément possible notre condition humaine. En perdant un être cher, il voit et ressent la tyrannie exercée par la mort dans le monde. Il voit et ressent l’effet que la mort peut avoir sur sa création — que les humains, parce qu’ils sont créés par et pour l’amour, doivent nécessairement éprouver la perte et la souffrance. Il verse alors des larmes silencieuses.
Et de ces larmes émerge la puissance divine. Sûr de l’écoute de son Père, Jésus réalise un exploit qui n’a rien d’humain. En prononçant les mots « Lazare, sors ! », il ressuscite celui qu’il aime en présence d’une grande foule.
Comme les pleurs de Jésus, les larmes silencieuses que nous versons devant la souffrance du monde ne doivent pas nous enlever le pouvoir d’agir. Plutôt, elles doivent susciter un désir sacré de faire appel à Dieu. Lorsque nous sommes émus par le sort des victimes de la pauvreté, de la violence, de la faim ou de catastrophes, nous pouvons, nous aussi, exercer notre pouvoir d’agir. Nous ne parviendrons pas à ressusciter les morts, mais nous pouvons tout de même, comme le dit le poète Wendell Barry, « pratiquer la résurrection ». Nous pouvons consacrer une partie de notre être au service des autres et croire que la mort n’a jamais le dernier mot.
Ainsi, en ce Dimanche de la solidarité, Développement et Paix – Caritas Canada vous invite à pleurer silencieusement pour les personnes pauvres et opprimées, à vous imprégner de la puissance divine et à dire au Créateur « je te remercie de m’écouter ».
Nos six réflexions hebdomadaires feront le pont entre le texte d’Évangile proposé pour la liturgie dominicale et notre thème de campagne. Elles seront publiées chaque lundi sur notre site internet ou accessibles dans la section Ressources. Ce Carême, donnons avec coeur, Pour notre maison commune !
À vos crayons!
Pour les familles avec de jeunes enfants, nous vous invitons à découvrir les réflexions hebdomadaires du Bulletin familial 2020. Chaque réflexion est accompagnée d’une illustration. Cliquez sur l’image pour télécharger l’illustration ainsi que la réflexion de ce dimanche.