Évangile : Matthieu 4,1-11
La conversion écologique et la tentation dans le désert
Dans son encyclique Laudato Si’, le pape François nous appelle à effectuer une conversion écologique pour mieux prendre soin de notre maison commune. Citant son prédécesseur, il écrit : « S’il est vrai que “les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands”, la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure (LS, 217). » L’Évangile d’aujourd’hui se situe dans le désert, l’endroit où Jésus est « emmené par l’Esprit » et tenté par le diable, après avoir jeûné pendant 40 jours et 40 nuits. En ce premier dimanche du Carême, la tentation dans le désert nous offre plusieurs pistes de réflexion pour examiner notre propre conversion écologique.
Pour la plupart d’entre nous, qui profitons largement de l’abondance de biens matériels produits par l’ordre socio-économique mondial, la tentation évoquée dans l’Évangile d’aujourd’hui revêt un sens particulier. Car, à bien des égards, c’est précisément ce système et les biens qu’ils procurent qui créent le besoin pour une conversion écologique.
Examinons d’abord la première tentation subie par Jésus, soit de satisfaire sa faim en transformant des pierres en pain. Pouvons-nous songer à des situations où, grâce aux avancées technologiques, notre société tente de transformer des pierres en pain ? Les efforts déployés pour modifier la nature même de la création peuvent engendrer des conséquences écologiques terribles et imprévisibles. En effet, ce qui transforme les pierres en pain pour quelques personnes peut également contribuer à changer le pain en pierres pour la multitude. Par exemple, l’implantation forcée de l’agriculture industrielle sur de vastes étendues de la planète peut enrichir un petit groupe d’individus tout en appauvrissant de nombreuses personnes.
De la même façon qu’il a tenté Jésus, le diable nous invite à repousser les limites de l’ordre de la création, à nous jeter dans l’abîme en espérant être sauvés par les anges. Plutôt que de répondre à l’appel de la conversion écologique, nous sautons de plus en plus hardiment dans le vide, convaincus qu’aucune altération à la Création de Dieu ne puisse causer un tort irréparable à notre âme. Pire encore, nous nous laissons berner par la croyance que l’état du monde et des relations entre ses habitants n’a aucune incidence sur la santé de notre âme !
Enfin, le diable tente Jésus une troisième fois en lui offrant « tous les royaumes du monde », si seulement Jésus accepte de se prosterner pour l’adorer. Que faire quand on nous offre de régner sur la planète et de dominer des peuples entiers en simple vertu de notre position dans l’ordre socio-économique mondial ? Comment réagir lorsqu’on comprend que l’accès facile aux produits bon marché entraîne un fort coût humain et environnemental ? Accepter l’ordre établi parce qu’il en est ainsi équivaut à adorer Satan. Cependant, refuser de s’y conformer, c’est s’engager sur la voie de la conversion écologique, celle qui nous amène à reconnaître que « c’est le Seigneur, ton Dieu, que tu adoreras et c’est lui seul que tu serviras ». En effet, il est impossible de servir Dieu tout en assaillant ses prochains et la Terre dans le triste but d’exercer pouvoir et domination sur la vie terrestre.
Les tentations subies par le Christ dans le désert guettent aussi tous les habitants de la Terre. Dans le contexte de l’appel à la conversion écologique, elles se font particulièrement sentir là où « le privilège » existe, tel que nous l’entendons. Ce Carême, concentrons-nous sur l’importance d’affronter les déserts intérieurs qui nous exposent à la tentation et laissons-nous guider par Laudato Si’ pour cultiver notre spiritualité et répondre à l’appel de la conversion écologique.
Nos six réflexions hebdomadaires feront le pont entre le texte d’Évangile proposé pour la liturgie dominicale et notre thème de campagne. Elles seront publiées chaque lundi sur notre site internet ou accessibles dans la section Ressources. Ce Carême, donnons avec coeur, Pour notre maison commune !
À vos crayons!
Pour les familles avec de jeunes enfants, nous vous invitons à découvrir les réflexions hebdomadaires du Bulletin familial 2020. Chaque réflexion est accompagnée d’une illustration. Cliquez sur l’image pour télécharger l’illustration ainsi que la réflexion de ce dimanche.