
Lectures :
Exode 3, 1-8a, 10, 13-15
Psaume 102(103),1-2, 3-4, 6-7, 8, 11
1 Corinthiens 10, 1-6, 10-12
Luc 13, 1-9
Pour que chaque figuier fleurisse
Par Randy Haluza-DeLay, animateur pour le centre de l’Ontario
Nos passages d’aujourd’hui comprennent des appels à la libération de la souffrance, un avertissement de Jésus sur le repentir, ainsi qu’une parabole qui souligne que nous devrions faire activement ce que nous pouvons pour aider à l’épanouissement d’autrui. Dans la première lecture de l’Exode, Moïse est appelé par Dieu parce que son peuple tourmenté crie, croyant que Dieu soulagera ses souffrances.
La dette injuste et insoutenable à laquelle sont confrontés de nombreux pays dans le monde est source de souffrance. Puisque beaucoup d’argent retourne aux institutions prêteuses situées principalement dans les pays riches du Nord, la capacité des gouvernements à fournir l’éducation, les soins de santé, les programmes sociaux et l’adaptation au climat est limitée. C’est pourquoi, à l’occasion du Carême de partage, Développement et Paix – Caritas Canada (DPCC) se joint à la campagne mondiale Transformer la dette en espoir menée par Caritas Internationalis et d’autres organisations de par le monde en cette année du Jubilé. Comme Moïse et les Israélites l’ont constaté, Dieu entend les cris de son peuple, connaît ses souffrances et le délivre. La première demande de Transformer la dette en espoir est l’annulation des dettes injustes comme moyen de délivrance pour le peuple, ce qui implique notre plaidoyer pour que la délivrance de Dieu porte ses fruits.
Jésus raconte deux paraboles dans le passage de l’Évangile. Dans la première, il demande si les gens de Galilée et de Siloé souffrent parce qu’ils sont de pires pécheurs que les autres ? Il répond par un NON catégorique à cette idée. Jésus demande ensuite à ses auditrices et auditeurs de se repentir, ce qui implique qu’ils doivent également rejeter l’idée que la souffrance est due au péché de « ces » personnes.
Lorsque la dette d’un pays fait souffrir sa population, nous ne devons pas supposer que cette souffrance est due à des erreurs de la population ou des dirigeants (même si de mauvais dirigeants peuvent contribuer à la crise de la dette d’un pays). Nous devons chercher d’autres raisons. L’Enseignement social de l’Église note que notre capacité à bien vivre ou même à faire des choix moralement bons – en particulier des choix qui profitent le plus au bien commun – peut être limitée par des structures sociales injustes.
L’Enseignement social de l’Église parle de « structures de péché ». Ces structures sont souvent institutionnalisées, c’est pourquoi deux des trois demandes de la pétition de la campagne Transformer la dette en espoir concernent la création d’un meilleur système financier et d’un mécanisme de résolution de la dette. Sans ces changements, il est probable qu’une autre crise de la dette apparaisse à l’avenir, parce que les gens ne sont pas délivrés des structures de péché qui perpétuent l’avidité, la corruption et autres. Comme l’écrit le pape François dans Spes non Confundit (« L’espérance ne déçoit pas »), son appel à une Année du Jubilé en 2025, « le Jubilé nous rappelle que les biens de la Terre ne sont pas destinés à quelques privilégiés, mais à tous »
La deuxième parabole de l’Évangile raconte comment un propriétaire voulait couper un figuier qui n’avait pas donné de fruits depuis plusieurs années. Mais le jardinier demande grâce pour l’arbre. Il dit qu’il ajoutera du fumier à ses racines et qu’on verra s’il portera des fruits. En d’autres termes, un soin particulier sera apporté à cet arbre, dans l’espoir que cette attention supplémentaire l’aidera à prospérer.
Le jardinier a probablement enlevé une partie du sol pauvre en nutriments et l’a remplacé par du fumier riche en nutriments. En ce qui concerne la dette internationale, nous pouvons également réfléchir à ce qui aidera les habitant·e·s des pays endettés du monde entier à porter des fruits.
L’un des moyens de favoriser l’épanouissement des habitant·e·s des pays endettés consiste, comme le demande instamment le pape François, à « remettre les dettes des pays qui ne pourront jamais les rembourser », créant ainsi la possibilité d’une vie meilleure. C’est une façon pour DPCC de mettre en œuvre son orientation au service des personnes. Nous entendons les cris des gens apauvris et les cris de la Terre qui souffre de la dette financière et de la dette écologique. Nous nous repentons d’un mauvais système et nous nous joignons au Maître Jardinier en solidarité avec les gens du monde entier par le biais du Carême de partage et de la campagne Transformer la dette en espoir. Ainsi, les arbres qui luttaient autrefois pourront porter des fruits dans le plein épanouissement des désirs de Dieu.
Le pape François a spécifiquement adressé une partie de son appel jubilaire « aux nations les plus riches ». Dans le cadre de l’appel à la repentance lancé par Jésus, les nations riches devraient peut-être procéder à un examen de conscience plus critique et se demander comment nous, qui vivons dans ces pays, avons bénéficié d’accords financiers mondiaux injustes. Le pape François a ensuite spécifiquement observé qu’une vraie « dette écologique » existe, en particulier entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux ayant des effets sur l’environnement et à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles par certains pays sur de longues périodes.
Pendant des siècles, les nations aujourd’hui riches ont puisé des ressources naturelles dans des pays qui sont aujourd’hui pauvres et en difficulté à cause de ce système. En outre, à mesure que certaines nations se sont industrialisées, elles sont devenues riches et ont rejeté leurs déchets sur les autres, en utilisant par exemple l’atmosphère comme décharge gratuite pour les émissions de carbone qui provoquent les changements climatiques. Les nations riches ont une dette écologique envers le reste du monde. La différence est qu’ignorer cette dette perpétuerait une injustice envers le reste du monde, alors que l’annulation des dettes financières rendrait justice à des milliards de personnes.
Pendant ce Carême, nous entendons les cris de libération des peuples, nous examinons nos esprits et la manière dont nos actions ont causé de la souffrance aux autres et nous faisons ce que nous pouvons pour supprimer la souffrance et la remplacer par l’épanouissement.