Lectures : Deutéronome 26,4-10 ; Psaume 91,1-2.10-11.12-13.14-15 ; Romains 10,8-13 ; Matthieu 4,4b ; Luc 4,1-13
Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression. – Deutéronome 26,7
La métanoïa : de quoi changer notre cœur et nos façons de faire
Le temps du Carême nous permet de changer nos cœurs, nos habitudes et nos mentalités pour nous concentrer sur le Christ. Pendant la première semaine du Carême, les textes de l’Écriture nous parlent des tentations et des désirs de ce monde, de notre fragilité humaine et du besoin que nous avons d’avoir Jésus dans notre vie pour nous aider à combattre les obstacles que Satan dresse devant nous.
Dans le livre du Deutéronome, Moïse rappelle aux Israélites la grandeur et la bonté de Dieu, qui se manifestent dans Sa création et par « des signes et des prodiges » (Dt 26,8). Moïse appelle aussi le peuple à rester fidèle au projet de Dieu et souligne que le Seigneur entend notre voix et qu’il voit la misère, la peine et l’oppression que nous subissons (Dt 26,7). Si Dieu prend la peine de voir toute cette misère, cette peine et cette oppression, ne devons-nous pas, nous aussi, ouvrir les yeux sur la misère et l’oppression que subissent nos sœurs et nos frères dans les pays du Sud ?
Le pape François nous invite à prêter attention aux « signes des temps ». Cela nous demande d’être attentifs et proactifs pour répondre aux cris de la Création qui exige un changement. Dans notre campagne Les gens et la planète avant tout, nous continuons de répondre aux besoins des populations du Sud, en particulier au Cambodge, au Honduras et à Madagascar.
Plusieurs communautés autochtones, faute de titres fonciers, voient des entreprises empiéter sur leurs territoires. De même que les Israélites étaient opprimés par les puissants, de nombreuses communautés autochtones du Sud sont opprimées par des entreprises et des États corrompus ou hostiles qui exploitent sans scrupules la terre et les gens. Dans l’esprit de la conversion écologique, demandons au Seigneur de venir dans nos cœurs nous aider à voir la misère, la souffrance et l’oppression des personnes et à agir pour les soulager. Comme le dit l’antienne du psaume d’aujourd’hui, « Reste avec nous, Seigneur, dans notre épreuve. »
La métanoïa que l’Évangile d’aujourd’hui nous invite à vivre est tout à fait dans l’esprit de la conversion écologique. Métanoïa est un mot grec qui désigne une conversion spirituelle : le fait de réaligner sa vie sur le Christ. L’Évangile nous appelle à la métanoïa en nous présentant Jésus qui démasque et dénonce les tentations de ce monde.
Dans la première tentation, Satan demande à Jésus de changer des pierres en pains. La réponse de Jésus, « l’homme ne vit pas seulement de pain » (Luc 4,4), nous rappelle que nous n’avons pas seulement besoin de biens matériels sur la Terre. Au Canada, il n’arrive pas si souvent que les gens se demandent d’où viennent les produits que nous consommons ; et dans les pays du Sud, nombreux sont celles et ceux qui sont victimes de notre consommation irréfléchie. Faute de reconnaître de façon durable et équitable la valeur du travail des gens du Sud, notre consommation hyper-capitaliste porte atteinte à la dignité de la personne humaine. À quel prix les produits que nous utilisons arrivent-ils jusqu’à nous ? Sont-ils devenus plus importants pour nous que l’amour du prochain ?
En gardiennes et gardiens responsables de la Terre, pratiquons la conversion écologique. Appliquons notre esprit et notre cœur à réduire et à corriger les préjudices causés par notre consommation capitaliste et faisons passer Les gens et la planète avant tout.
Chères sœurs et chers frères dans le Christ, laissons l’Esprit Saint nous guider à travers le désert de notre vie : il nous aidera à mieux discerner ce que nous faisons et à résister aux tentations du péché structurel. Pour l’amour de Dieu, prenons des décisions judicieuses, démasquons l’éclat fugitif des passions de ce monde, recherchons ce qui est juste et sachons respecter et défendre la dignité de notre prochain.