Lectures : Genèse 15,5-12.17-18 ; Philippiens 3,17-4,1 ; Luc 9,28b-36
Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » – Luc 9,35
Écouter du fond du cœur
Le récit de la Transfiguration est un des sommets de l’Évangile. Jésus vient d’annoncer à Pierre, Jean et Jacques ce qui l’attend : sa mort et sa résurrection. Au même moment, une voix confirme Jésus dans sa mission : « écoutez-le ! ». Écouter, c’est être attentive et attentif aux paroles de quelqu’un. C’est agir selon ce qui nous est demandé. C’est porter attention, non seulement avec notre tête, mais surtout avec notre cœur.
Plus que jamais, la place publique et les médiaux sociaux sont remplis de faux prophètes qui prétendent, chacun, posséder une parole de salut pour l’homme et la femme d’aujourd’hui. Les messages publicitaires sont tellement bien faits que, parfois, nous nous laissons surprendre à nous arrêter pour « écouter ».
Dans cet univers de publicité, de sollicitation électronique et visuelle, il y a peu de place pour entendre la voix des démunis, des plus faibles. Et quand ils réussissent à se faire entendre, quel temps prenons-nous pour les écouter du fond du cœur ?
Nous rappelant que « La nature est pleine de mots d’amour », le pape François nous demande, « [C]omment pourrons-nous les écouter au milieu du bruit constant, de la distraction permanente et anxieuse, ou du culte de l’apparence ? » Il ajoute : « Une écologie intégrale implique de consacrer un peu de temps à retrouver l’harmonie sereine avec la création, à réfléchir sur notre style de vie […]. » (Laudato Si’, 225)
Saurons-nous reconnaître la voix du Père disant : « Celui-ci est mon Fils : écoutez-le ! » Écouter le Fils bien-aimé, c’est accepter d’ouvrir notre cœur à Ses invitations, même quand Sa Parole nous invite à traverser le désert et la Passion.
En ce dimanche de la Transfiguration, dans le silence de la montagne, le Père nous invite à écouter son Fils. Saurons-nous reconnaître son appel à la solidarité avec nos partenaires de Madagascar ? N’ayons pas peur de tendre l’oreille. Il saura nous indiquer comment aider nos sœurs et nos frères à transformer leurs propres vies. À l’écoute de nos sœurs et frères vivant dans des milieux contaminés à Madagascar, le Conseil de développement d’Andohatapenaka (CDA) a choisi de les soutenir pour adapter et transformer leur environnement.
Le travail du CDA sur l’adaptation aux changements climatiques fait partie de ses efforts pour impliquer les citoyennes et les citoyens dans la vie publique et pour soutenir les initiatives locales visant à améliorer et préserver la salubrité, les infrastructures et l’environnement.
Madagascar est un pays particulièrement vulnérable aux changements climatiques. Le CDA intervient dans une partie du pays qui est souvent inondée et insalubre en raison de fortes pluies. Pour montrer que les gens peuvent être en mesure de gérer et de transformer leurs quartiers malgré de multiples vulnérabilités, le CDA a aidé à réhabiliter une zone contaminée en un jardin communautaire et a soutenu 51 microprojets d’adaptation aux changements climatiques. À travers deux comités de gestion ainsi qu’une charte d’engagement des villageois, le CDA a permis aux résidentes et résidents d’un des quartiers les plus vulnérabilisés de la région de se mettre ensemble pour transformer leur environnement en village écologique développé par et pour les résidents. Aujourd’hui, les cinquante ménages du village disposent d’un potager familial ainsi que des réchauds et des panneaux solaires, fruits d’une mobilisation qui reflète une véritable conversion écologique.
Au sein de ce village écologique et des autres communautés concernées par les microprojets, des centaines de personnes ont bénéficié d’ateliers sur des pratiques d’adaptation climatique comme le compostage, des méthodes agroécologiques, l’agriculture urbaine, la fabrication de charbon biomasse ou encore l’élevage d’animaux adaptés à un environnement propice aux inondations.
La campagne Carême de partage nous invite à être solidaires avec nos sœurs et frères des pays du Sud, dont les difficultés sont exacerbées par les conflits, les changements climatiques et la pandémie. Et, comme nous le rappelle le pape François, « la justice et la solidarité ne s’obtiennent pas une fois pour toutes ; il faut les conquérir chaque jour » (Fratelli Tutti, 11).
Grâce à la Transfiguration, Pierre, Jacques et Jean sont devenus des prophètes, des porte-parole, des témoins de l’amour du Seigneur pour chacun.
Et nous ? Sommes-nous prêts, avec Lui, à transformer le monde pour que la vie renaisse ?