Par la Catholic Agency for Overseas Development (CAFOD)

La Catholic Agency for Overseas Development (CAFOD) est l’agence d’aide officielle de l’Église catholique en Angleterre et au Pays de Galles et, tout comme Développement et Paix – Caritas Canada, membre de la confédération Caritas. Ces questions-réponses sur la première exhortation apostolique du pape Léon XIV, Dilexi te, ont été initialement publiées en anglais sur le site Web de la CAFOD et sont reproduites ici en traduction avec leur gracieuse autorisation.
Qu’est-ce qu’une exhortation apostolique ?
Une exhortation apostolique est un document doctrinal du pape qui vise souvent à exhorter (encourager) une vertu ou une activité particulière. À l’instar de nombreuses encycliques papales, les exhortations apostoliques ont souvent développé des thèmes de l’Enseignement social de l’Église.
Que signifie « Dilexi te » ?
Dilexi te signifie « Je t’ai aimé » et fait écho au titre de la dernière lettre encyclique du pape François, Dilexit Nos (« Il nous a aimés »), sur la dévotion au Sacré-Cœur. Le titre est tiré des paroles de Jésus dans l’Apocalypse 3:9 et l’exhortation s’adresse à toutes les chrétiennes et les chrétiens « sur l’amour pour les pauvres ».
Pourquoi a-t-elle été publiée à ce moment-là ?
Tout comme le pape François a achevé l’exhortation commencée par le pape Benoît XVI, Lumen Fidei, le pape Léon XIV achève aujourd’hui l’œuvre commencée par le pape François avant sa mort.
Avec la publication de son premier document magistériel important quelques mois après son accession au pontificat, nous découvrons pour la première fois les réflexions approfondies du pape Léon sur la vie chrétienne, dans une humble continuité avec le pape François, mais aussi avec son style et son expérience propres.
Signé le jour de la fête de Saint François d’Assise, le document transmet la leçon que Saint François a apprise personnellement et incarnée : l’amour préférentiel pour les personnes marginalisées peut renouveler à la fois l’Église et la société.
Quels sont les messages clés de ce document ?
Cette exhortation traite de l’amour de Dieu pour les personnes les plus vulnérabilisées et marginalisées de notre société.
Elle est illustrée par de nombreux exemples tirés des Écritures, des saints et des ordres religieux, ainsi que par le développement de l’Enseignement social de l’Église dans le dialogue et l’engagement avec le monde contemporain. Le document parle de l’identification de Jésus avec les personnes affamées et marginalisées, avec les travailleuses et travailleurs et les rejeté·e·s dans les évangiles ; de Saint François et Sainte Claire ; de la vie communautaire des ordres monastiques et de la promesse biblique de libération de l’oppression.
Elle décrit également la nature multiforme de la pauvreté dans le monde moderne. L’exclusion sociale, la fragilité personnelle, l’absence de voix et de droits sont autant de formes de pauvreté que le manque de ressources matérielles. Le pape Léon XIV, à l’instar de son prédécesseur, nous exhorte à éviter les anciens critères qui nous poussent à nous cacher derrière l’idée que les choses s’améliorent sans cesse, et à ignorer les nouvelles formes subtiles de pauvreté, qui peuvent être d’autant plus dangereuses. Nous devons tenir compte de l’augmentation des inégalités, de la mondialisation de l’indifférence et des injustices qui pèsent sur les femmes.
Il nous est rappelé que le Christ lui-même s’est fait pauvre et que, par conséquent, nous pouvons voir le Christ dans toutes celles et ceux qui sont pauvres dans notre monde aujourd’hui. Nous devons donc être particulièrement attentifs à celles et ceux qui sont les plus marginalisé·e·s dans notre société et écouter la sagesse qu’eux seuls peuvent offrir.
Qu’est-ce que l’option préférentielle pour les pauvres ?
L’option préférentielle pour les pauvres est un thème central de l’Enseignement socialde lÉglise, qui nous rappelle que celles et ceux qui vivent dans la pauvreté font l’objet d’une attention particulière aux yeux de Dieu. Nous sommes donc appelés à donner la priorité aux besoins des personnes marginalisées et vulnérabilisées.
Dans son exhortation, le pape Léon XIV écrit que cette préférence pour les pauvres « n’indique pas une exclusion ou une discrimination envers d’autres groupes, qui seraient impossibles en Dieu… Elle entend souligner l’action de Dieu qui est pris de compassion pour la pauvreté et la faiblesse de l’humanité tout entière et qui, voulant relever et inaugurer un Règne de justice, de fraternité et de solidarité, a particulièrement à cœur ceux qui sont discriminés et opprimés, demandant à nous aussi, son Église, un choix décisif et radical en faveur des plus faibles » (n° 16).
Que dit Dilexi te à propos de l’accueil des personnes migrantes ?
« L’expérience de la migration accompagne l’histoire du Peuple de Dieu », écrit le pape Léon XIV, citant les exemples bibliques d’Abraham, de Moïse, de la Sainte Famille dans sa fuite en Égypte et du Christ lui-même venu vivre parmi nous.
Dilexi te précise que l’accueil des personnes migrantes est donc un élément essentiel de la mission de l’Église, rappelant son histoire d’action qui se poursuit aujourd’hui à travers Caritas Internationalis et d’autres institutions, en déclarant :
« L’Église, comme une mère, marche avec ceux qui marchent. Là où le monde voit des menaces, elle voit des fils; là où l’on construit des murs, elle construit des ponts. Elle sait que son annonce de l’Évangile est crédible seulement lorsqu’elle se traduit en gestes de proximité et d’accueil ; et que dans tout migrant rejeté, le Christ lui-même frappe à la porte de la communauté » (n° 75).
Quelle inspiration le pape Léon XIV trouve-t-il chez les saints ?
Le pape Léon célèbre l’exemple de nombreux saints hommes et femmes qui ont été de véritables témoins de la vie chrétienne dans leur manière de traiter les personnes en situation de pauvreté ou de maladie, les prisonnier·e·s, les personnes sans instruction et les migrant·e·s.
Plus de trente saints sont cités nommément, dont Saint François et Sainte Claire, Saint Augustin, Saint Benoît, Sainte Thérèse de Calcutta et Saint Oscar Romero.
L’exhortation réfléchit également sur la vie de ces communautés religieuses, dont beaucoup ont été fondées par des saints, qui, par leur vie commune de pauvreté volontaire, ont semé en silence les graines d’une nouvelle civilisation fondée sur une économie de solidarité plutôt que d’accumulation.
Qu’est-ce que cela signifie pour la communauté catholique ?
Cette exhortation nous rappelle à toutes et à tous que l’amour et l’attention envers notre prochain et envers les personnes appauvries et les marginalisées constituent un élément fondamental de notre foi.
Le pape Léon mentionne la nécessité pour nous d’élever la voix pour demander la fin des structures et des systèmes injustes qui maintiennent les gens dans la pauvreté, même si d’autres nous considèrent comme stupides ou naïfs.
Il évoque également l’importance de l’aumône comme moyen d’exprimer cette foi et d’apporter une aide concrète à nos sœurs et frères qui vivent dans la pauvreté.
« L’amour et les convictions les plus profondes doivent être nourris, et cela se fait par des gestes. Rester dans le monde des idées et des discussions, sans gestes personnels, fréquents et sincères, sera la ruine de nos rêves les plus précis. […] Pour cette simple raison, en tant que chrétiens, ne renonçons pas à l’aumône. » (n° 119)
Dans sa réponse à l’encyclique, Mgr Richard Moth [président du département pour la justice sociale de la Conférence des évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles] écrit :
« Je fais écho au pape Léon lorsqu’il écrit : « La charité est une force qui change la réalité, une authentique puissance historique de changement. » Les organisations caritatives catholiques, telles que CAFOD et celles qui relèvent du Caritas Social Action Network en Angleterre et au Pays de Galles, ont depuis longtemps fait le choix préférentiel des pauvres. Alors que de nombreux pays continuent de faire face à une pauvreté aiguë et à une crise persistante du coût de la vie au niveau national, cette exhortation nous rappelle à point nommé de renouveler nos efforts pour être solidaires, en paroles et en actes, avec les pauvres et les marginalisés. »
Alors que nous renouvelons nos efforts en faveur de la solidarité, puissions-nous entendre à nouveau les paroles de Jésus, adressées à chacun d’entre nous : « Je t’ai aimé » (Ap 3, 9).