Par Luke Stocking, directeur général intérimaire
Cette nécrologie d’un ancien animateur de Développement et Paix – Caritas Canada est reproduite avec la gracieuse permission de The Catholic Register, dans lequel elle a été publiée (en anglais) le 31 mars 2025.

L’appel de l’Évangile à la solidarité et à la justice ne peut être vécu qu’en communauté avec d’autres. Ce n’est pas un voyage que nous faisons seuls. Il y a des moments où nos sœurs et frères sur ce chemin passent de cette vie à la pleine étreinte de Dieu. Lorsqu’ils le font, il est bon de rendre grâce pour leur vie et de témoigner à l’ensemble de la communauté de la contribution qu’ils ont apportée.
Michael Murphy a été mon mentor lorsque j’ai commencé mon travail en 2006 en tant que jeune animateur à Toronto pour Développement et Paix – Caritas Canada (DPCC). Il était lui-même animateur pour « les bonnes gens de la Saskatchewan » (comme il les appelait), poste qu’il occupait depuis 1993.
Le mentorat peut parfois être une affaire bien simple. Un jour, Michael m’a conseillé de me procurer un « grand sac de voyage portable » pour transporter plus facilement tout mon matériel d’atelier DPCC d’une paroisse à l’autre. J’avais du mal à transporter de nombreuses boîtes, des papiers, des stylos et d’autres babioles.
J’ai appris à organiser efficacement les membres de DPCC dans ma propre région en écoutant comment Michael organisait ceux de la sienne. Lorsqu’il s’agissait de former ces membres à nos campagnes annuelles d’automne et de Carême de partage, Michael était le maître du « sketch de campagne », écrivant de nombreux sketchs drôles et perspicaces pour aider à transmettre les messages de la campagne à un large public. Son ancienne collègue Siobhan Rowan a déclaré : « J’ai toujours beaucoup apprécié le grand sens de l’humour et de l’amusement de Michael, ainsi que l’énergie qu’il apportait aux réunions. Des sketches ! Je me souviens d’un sketch avec Richie et lui où il nous a fait rire en jouant le rôle de saint Jean-Paul II. Je peux encore me le figurer. »
Il a ancré notre mission de solidarité dans la vie quotidienne des gens ordinaires – toujours attentif aux besoins et aux réalités concrètes plus qu’à la théorie. Une fois, après une longue formation sur la théorie de la « gestion axée sur les résultats », il a fait remarquer que DPCC était comme un ballon gonflé à l’hélium. Il a dit que le rôle de la personne animatrice était de « s’accrocher au ballon » pour le maintenir près du sol (la base) et l’empêcher de « partir en flottant dans l’espace ».
Une autre collègue, Mary Corkery, se souvient d’avoir conduit avec lui à une réunion à Muenster, en Saskatchewan, lorsqu’ils ont été confrontés à une violente tempête de poussière. « Il a dit, “nous sommes en retard, attends, nous allons passer” et il a appuyé sur l’accélérateur. Le pare-brise était complètement couvert de poussière, mais nous sommes arrivés à la réunion ».
Quand je l’ai rencontré, Michael était au crépuscule d’une longue carrière dans le développement international qui remontait à 1969, lorsqu’il était bénévole de CUSO en Zambie. Il a été mon collègue pendant trois ans avant de prendre sa retraite en 2009. Même à la retraite, il est resté un contributeur actif au travail pour la justice, siégeant dans de nombreux comités et conseils, tant dans le monde catholique que dans sa communauté locale de Saskatoon. Je suis resté en contact avec lui de diverses manières jusqu’à son décès, il y a un mois, à l’âge de 81 ans.
Michael (Míċeál) Joseph Murphy est né à Limerick, en Irlande, et est arrivé au Canada dans les années 1960. Lorsque les gens parlent de l’esprit irlandais, je pense à Michael (et à son amour du whisky Jameson !). Il était chaleureux, gentil et drôle, avec une bonne dose d’espièglerie. Pour terminer, je laisse la parole à un autre animateur qui a travaillé à ses côtés pendant plus d’années que moi, Paul Lemieux : « Il est difficile de mettre des mots sur tout ce dont on se souviendra de Michael. Il était le ciment qui assurait la cohésion de nos réunions d’équipe. Qu’il s’agisse de nous réunir pour une partie de volley-ball ou pour des sketches sur un thème ou un autre. »
« Je pense à comment il a toujours été fidèle aux racines de son travail à l’étranger et à la profonde conscience et compréhension qu’il avait pour les gens du Sud. Il était respecté pour sa ténacité, son franc-parler – qu’il ait raison ou tort -, son souci du détail et sa compétitivité pour obtenir les meilleurs résultats dans le meilleur intérêt de toutes et tous. Ce qui ressortait toujours, c’était l’amour qu’il portait à ses enfants. Et son intérêt sincère pour le bien-être des membres de la famille de ses collègues. Il était un véritable sel de la terre ».
Que la route surgisse à ta rencontre, Michael. Que le vent soit toujours dans ton dos. Que le soleil brille sur ton visage, que la pluie tombe doucement sur tes champs et jusqu’à ce que nous nous rencontrions à nouveau, que Dieu te tienne dans la paume de sa main.