Les communautés touchées par l’ouragan ont fait pression pour la reconstruction des digues des rivières dans la vallée de Sula.
Arrivés l’un après l’autre en novembre 2020, les ouragans Eta et Iota ont dévasté de grandes parties du Honduras. Les pluies et les vents qui se sont abattus sur le pays ont exacerbé les crises politiques, sociales et environnementales préexistantes. Ils ont affecté 4 millions de personnes, déclenché l’évacuation d’un million de personnes et le démembrement de centaines de communautés causé la destruction de ponts et de digues et provoqué de nombreux autres impacts négatifs. La région la plus touchée du pays a été le nord-ouest, en particulier la vallée de Sula. Irriguée par plusieurs rivières dont l’Ulúa, la plus importante, cette région agricole importante abrite plus de 2 millions de personnes.
Les deux organisations jésuites conjointes Equipo de Reflexión, Investigación y Comunicación et Radio Progreso (ERIC-RP) ont travaillé avec la coalition humanitaire du Réseau d’Urgence et de Solidarité pour lancer un plan de réponse d’urgence dans les communautés affectées sur la rive droite de l’Ulúa.
Grâce à la solidarité de centaines de personnes et d’organisations de l’intérieur et de l’extérieur du Honduras, dont Développement et Paix — Caritas Canada, les besoins immédiats des familles touchées ont été satisfaits dans les deux premiers mois suivant la double catastrophe. Plus de 10 000 paniers d’urgence contenant de la nourriture, de l’eau, des articles d’hygiène et de biosécurité ainsi que des vêtements ont été distribués dans 119 abris et établissements dans 31 communautés.
Puis, au début de l’année, une stratégie de relance de l’agriculture a été amorcée, à la suite d’une évaluation détaillée qui a chiffré les pertes de récoltes dans 32 communautés touchées à 28 276 manzanas (une mesure de terre utilisée en Amérique du Sud, équivalent à 1,7 acres environ). À ce jour, plus de 700 agriculteurs qui avaient tout perdu ont reçu des semences locales de maïs, de haricots et de légumes ainsi que des boutures de bananes. Les récoltes en résultant seront bientôt multipliées car les bénéficiaires se sont engagés à donner une partie de leur production pour former une banque de semences collective qui pourra être bénéfique à d’autres personnes.
Réalisant que toute cette aide pourrait s’avérer inutile si leurs maisons et leurs terres restaient vulnérables aux ouragans et aux fortes pluies, les communautés elles-mêmes ont identifié la nécessité d’une stratégie de plaidoyer pour contraindre le gouvernement à agir. Leurs demandes comprenaient la réparation des digues, le dragage des rivières, le reboisement des bassins supérieurs des rivières et un programme de logement.
Faisant de l’accompagnement des personnes dans cette lutte une priorité, l’ERIC-RP et le Réseau d’Urgence et de Solidarité ont insisté sur la demande de réparation des digues endommagées de l’Ulúa et de ses affluents. L’évaluation post-ouragan avait indiqué que 12 kilomètres de digues devaient être réparés. Tant que cela demeurera à faire, de nombreuses communautés demeureront à risque, même en cas d’une seule tempête de pluie. Or, cela est très probable pendant la saison des cyclones qui commence chaque année en juin.
Ces derniers mois ont été une période intense d’organisation communautaire, de mobilisation, de sensibilisation, de communication et de dialogue avec les autorités. Quelques avancées ont été constatées. Plusieurs communautés qui étaient totalement ignorées par les autorités ont maintenant été incluses dans les plans de rénovation. Les travaux de réparation des digues ont également commencé.
Les leaders des communautés locales ont inspecté les travaux sur les nouvelles digues et sont repartis peu impressionnés.
Ces réalisations sont toutefois limitées par les mensonges, la répression et la corruption. Les autorités responsables n’ont pas tenu leurs engagements, les procédures de passation des contrats publics sont opaques, la police réprime souvent les mobilisations et les pots-de-vin et la corruption entachent les travaux de réparation. Les nouvelles structures sont si mal construites que les dirigeants des communautés locales qui les ont inspectées les ont qualifiées de “digues en sucre”. Leur évaluation s’est avérée juste le mois dernier, lorsque les pluies ont fait déborder rapidement la rivière de ses berges reconstruites et ont isolés deux communautés pendant quelques jours.
Malgré tout, les communautés n’abandonnent pas. Résolument, elles répètent : “Tant que nos demandes ne seront pas satisfaites, nous continuerons à lutter.” Elles plaident : “Nous entrons dans la saison des cyclones ; aidez-nous à sauver des vies.”
Comptant sur votre soutien, ERIC-RP reste dédié à l’accompagnement de ces courageux Honduriens et Honduriennes dans cette quête de sécurité et de dignité.