La Journée mondiale de la justice sociale, qui trouve son origine dans le mouvement syndical international, est célébrée le 20 février de chaque année. La quête de la justice sociale pour tous est au cœur de la mission mondiale des Nations Unies en faveur du développement et de la dignité humaine. Mais qu’est-ce que la justice sociale et comment des personnes ordinaires peuvent-elles y parvenir?
Les mieux placés pour se pencher sur cette question sont certainement le personnel et les membres de Développement et Paix — Caritas Canada qui dirigent notre mission dans les pays du Sud et notre travail au Canada. Voici donc leurs réflexions sur la justice sociale.
Jess Agustin (à droite) considère la justice sociale comme une transformation.
« La justice sociale consiste à transformer les relations et les ordres sociaux injustes et violents par la sensibilisation, l’organisation systématique et la mobilisation des personnes politiquement, économiquement, écologiquement et socialement marginalisées et opprimées.
Une personne ne peut y parvenir seule. Il faut faire partie intégrante des mouvements de justice sociale qui aspirent à un changement fondamental et qui amplifient la voix de celles et ceux qui n’en ont pas, tant à l’échelle locale qu’internationale. Un individu doit participer activement aux mouvements de solidarité qui créent et alimentent des communautés de personnes engagées et qui sont solidaires des pauvres. Celles-ci créent déjà des solutions de rechange novatrices à l’ordre social injuste et brisé actuel. »
— Jess Agustin, chargé de programmes
Frank Fohr croit que la sensibilisation est le premier pas vers la justice sociale.
« Nous vivons clairement dans un monde de « nantis » et de « démunis ». La différence résulte largement de la situation dans laquelle nous sommes nés, comme le lieu, le milieu familial, l’origine ethnique, etc. La justice sociale tente de créer des conditions équitables où chacun a la possibilité de réaliser pleinement son potentiel.
Il est facile de nous laisser emporter dans notre propre vie. Nous ne sommes pas toujours conscients du rôle que jouent nos actions et notre mode de vie dans les injustices auxquelles d’autres font face. La première étape est donc la sensibilisation. Le programme de Développement et Paix au Canada tente d’instruire la population canadienne sur les causes de l’injustice et sur les petits changements que nous pouvons apporter dans notre vie pour créer un monde plus juste. »
— Frank Fohr, membre du comité des programmes internationaux du conseil national
Plutôt que de se demander ce qu’elle peut faire, Mika Lévesque s’interroge sur ce qu’elle fait.
« Pour moi, la justice sociale veut dire « la paix », car les injustices sont à la base de plusieurs conflits.
Au lieu de « qu’est-ce que je peux faire? », je trouve plus intéressant de se poser comme question « qu’est-ce que je fais déjà pour la justice sociale? ». Quel est le lien entre mes actions et la justice sociale? Réaliser ce que l’on fait déjà [pour la justice sociale] nous aide à en faire plus. »
— Micheline (Mika) Lévesque, chargée de programmes – Asie
Keith Gauntlett (à l’extrême droite) s’appuie sur sa foi catholique pour comprendre la justice sociale.
« Il m’est difficile de séparer ma foi de mon désir de prendre part à des mouvements visant à créer un monde meilleur. Ces mots de Justice In The World, un document tiré du Synode des Évêques de 1971 en Italie, trouvent aujourd’hui encore le plus de résonnance en moi : « Le combat pour la justice et la participation à la transformation du monde nous apparaissent pleinement comme une dimension constitutive de… la mission de l’Église pour la rédemption de l’humanité et sa libération de toute situation oppressive. »
Dieu nous demande à tous, croyants et non-croyants, d’entendre le cri des pauvres et d’apporter un changement positif. Nous pouvons le faire de plusieurs façons, par exemple, en soutenant activement les luttes des peuples autochtones pour l’égalité des droits, en soutenant les initiatives de justice économique et en particulier celles concernant les femmes, en participant au mouvement pour la paix, etc. Il est préférable de chercher à apporter un changement social significatif au sein de mouvements, parmi les personnes qui ont été amenées à jouer un rôle. En communauté. Pour moi, Développement et Paix est l’une de ces communautés. C’est un moyen de rechercher la justice sociale et ainsi de bâtir ensemble un monde meilleur. »
— Keith Gauntlett, membre du comité des programmes internationaux du conseil national
Pour Cécile Famerée (deuxième à partir de la gauche), il est important de comprendre les mécanismes d’exclusion et d’oppression.
« La justice sociale, c’est s’engager à lutter contre les exclusions dans toutes les sphères de la société.
Qu’est-ce qu’on peut faire? Essayer de comprendre les asymétries dans les relations de pouvoir, en particulier dans les pays en développement. Peut-on essayer de comprendre qui bénéficie de quoi? Qui contrôle la terre? Qui en est exclu? On peut avoir une réflexion critique sur des solutions techniques faciles. On peut regarder ce que certaines politiques agroindustrielles signifient pour les groupes ruraux et pour leur milieu de vie. On peut comprendre les oppressions vécues par les femmes, les enfants et autres groupes de personnes vulnérables. On peut être solidaire! »
— Cécile Famerée, chargée de programmes – Burundi et Madagascar
L’égalité d’accès à une vie agréable sous-tend la conception qu’a Stefany Dupont de la justice sociale.
« Pour moi, la justice sociale, c’est le respect des droits de chaque personne afin que l’ensemble des individus puisse, sur une même base, avoir l’opportunité de profiter d’une vie pleine et saine.
Pour agir en faveur de la justice sociale, nous pouvons prendre conscience de nos privilèges et les utiliser pour le bien commun plutôt que pour l’accumulation de richesses au détriment des personnes marginalisées. »
— Stefany Dupont, animatrice – Montréal
Pour Stéphane Vinhas (à droite), la justice sociale constitue la restauration des droits.
« Pour moi, la justice sociale, c’est combler un vide existant selon un principe d’humanité. Contribuer à la justice sociale, c’est travailler à rétablir dans leurs droits les personnes appauvries et en situation d’exclusion afin qu’elles retrouvent leur dignité de personne humaine.
Chaque individu ou mieux, chaque collectivité, peut y contribuer en s’engageant, à sa manière, à son niveau, selon ses convictions et talents, en donnant de sa richesse personnelle, c’est à dire de son temps, de sa voix, de ses idées ou de son argent, afin de changer la vie de certaines personnes. »
— Stéphane Vinhas, coordonnateur des opérations d’aide humanitaire internationales
Nous vous invitons à vous joindre à Développement et Paix, à nos partenaires et à nos frères et sœurs dans les pays du Sud, unis dans la lutte mondiale visant à bâtir un monde de justice. Faites part de vos propres réflexions sur la justice sociale sur notre page Facebook.