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Laudate Deum : des changements urgents pour la crise climatique

Par le père Peter Hughes, coordinateur des droits humains et autochtones, Red Eclesial Pan-Amazónica

Fr. Peter Hughes argues that Laudate Deum holds the key to success for COP28. Le père Peter Hughes estime que le Laudate Deum est la clé du succès de la COP28.

La Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de 2023 (COP 28) débute aujourd’hui à Dubaï. Si la maladie n’était pas intervenue, le pape François aurait été là pour encourager et inspirer les délégué·e·s avec son message familier de conversion écologique.

Pour marquer l’occasion, nous vous présentons cette réflexion du père Peter Hughes, un prêtre irlandais établi au Pérou depuis plus de 35 ans. Il travaille pour la Red Eclesial Pan-Amazónica (REPAM), un réseau ecclésial avec lequel Développement et Paix ― Caritas Canada entretient une relation proche et qui a joué un rôle central dans le Synode des évêques pour la région panamazonienne en 2019.

Cet article a d’abord été publié en espagnol dans la Revista Signos, une revue progressiste publiée par notre partenaire péruvien, l’Instituto Bartolomé de Las Casas. Il est reproduit ici avec leur autorisation.

Face au constat dramatique de l’aggravation de la crise du réchauffement climatique, le Pape vient d’exprimer son inquiétude dans le Laudate Deum du 4 octobre, insistant avec une énergie renouvelée sur ce qu’il disait dans Laudato Si’ il y a huit ans à propos de la défense de la maison commune. Il s’inquiète de l’avancée de la fonte des pôles, de la montée et du réchauffement des océans, des inondations et des sécheresses plus longues. Le Pérou est un pays très vulnérable, les signes sont clairs, les inondations de cette année sur la côte nord sont un avertissement de ce que le prochain El Niño pourrait provoquer. La disparition des glaciers enneigés de la Cordillera Blanca dans le Callejón de Huaylas aura un impact sur l’accès à l’eau dans des villes comme Lima. La planète est victime d’une maladie mortelle et silencieuse.

L’origine humaine du changement climatique causé par l’émission dans l’atmosphère de gaz toxiques, tels que le dioxyde de carbone à effet de serre, ne fait aucun doute. François prévient « que nous atteindrons dans dix ans la limite supérieure recommandée de 1,5 °C », un pronostic vérifié par une écrasante majorité de scientifiques. Le monde se rapproche dangereusement d’un point de non-retour. Selon le scientifique carmélite Eduardo Agosta, « le feu est jaune et nous sommes sur le point de franchir la ligne rouge ». Nous avons juste le temps d’éviter des dégâts encore plus dramatiques


Le pape François nous rappelle que le paradigme technocratique est à l’origine du processus de destruction de l’environnement. L’illusion est comme « si la réalité, le bien et la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique et économique lui-même ». L’intelligence artificielle est un pas de plus vers un pouvoir humain autosuffisant et illimité. Le fait qu’un petit groupe doté de connaissances et surtout d’un pouvoir économique exerce une telle domination sur l’humanité donne des frissons dans le dos. La technologie a permis des progrès admirables, mais les bombes atomiques ont aussi tué des peuples entiers. Le « progrès technologique n’a pas été accompagné d’un développement de l’être humain en responsabilité, en valeurs, en conscience », déclare le pape.

Les humains font partie de la nature, nous sommes inclus en elle, nous ne pouvons pas survivre sans elle (Laudato SI’, 139). Il est urgent de remplacer la relation agressive et destructrice avec l’ordre naturel par une nouvelle relation basée sur le respect, l’équilibre et l’harmonie. Il est impératif d’écouter le cri de la terre et le cri des pauvres. Les mantras « tout est lié » et « personne n’est sauvé seul » résonnent. Le pape François met en avant la sagesse autochtone. Le cri du peuple Guaviare a un impact : « Nous sommes eau, air, terre et vie du milieu ambiant créé par Dieu. Par conséquent, nous demandons que cessent les mauvais traitements et les destructions de la Mère terre. La terre a du sang et elle saigne, les multinationales ont coupé les veines à notre Mère terre » (Querida Amazonia, 42).

Le pape reconnaît la faiblesse de la politique internationale. L’ancien multilatéralisme « avec une autorité mondiale concentrée sur une seule personne ou sur une élite au pouvoir excessif » est en crise. Il appelle à un nouveau multilatéralisme construit « d’en bas » dans cette nouvelle situation mondiale. François invite à reconnaître que « beaucoup de regroupements et d’organisations de la société civile aident à pallier les faiblesses de la Communauté internationale, son manque de coordination dans des situations complexes, son manque de vigilance en ce qui concerne les droits humains fondamentaux » (Fratelli Tutti, 30). Ceci évoque l’importance des mouvements populaires pour François.

Les accords conclus lors de la COP 21 à Paris sur la réduction des émissions sont importants, mais malheureusement non respectés. À la veille de la COP 28, qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre, le Pape reprend la main en demandant « des formes contraignantes de transition énergétique qui présentent trois caractéristiques : efficaces, contraignantes et facilement contrôlables ». Pour ce faire, il insiste sur trois aspects : que le changement soit « radical, intense et qui compte sur l’engagement de tous. » C’est le seul moyen par lequel « la crédibilité de la politique internationale pourra être rétablie, car ce n’est que de cette manière concrète qu’il sera possible de réduire notablement le dioxyde de carbone et éviter à temps les pires maux » (Laudate Deum, 59). Puissent ses paroles être entendues et mises en pratique.

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