Par le Père Alvar Sánchez, SJ, Secrétaire général, Caritas Maroc
Le lendemain du séisme de magnitude 6,8 qui a frappé le Maroc il y a deux semaines, nous avons demandé aux Canadiennes et aux Canadiens de venir en aide. Par la suite, nous avons expliqué que les partenaires et alliés de Développement et Paix ― Caritas Canada étaient en mesure de répondre efficacement à la catastrophe et qu’ils étaient en train d’évaluer la situation. Aujourd’hui, le tableau est plus clair, et il n’est pas réjouissant. Près de 3 000 personnes ont perdu la vie, plus de 5 500 personnes ont été blessées et plus de 380 000 personnes sont touchées, dont des dizaines de milliers ont été déplacées. Pourtant, il y a des raisons d’être optimiste, comme l’a constaté le père Alvar Sánchez lors d’une visite cette semaine. Voici son compte-rendu.
La réponse de la société civile locale continue d’être tout simplement stupéfiante. Des personnes de tous horizons, y compris des étudiant·e·s, des professionnel·le·s et des familles, se rendent quotidiennement dans les zones touchées pour apporter leur aide à celles et ceux qui en ont cruellement besoin.
Dans chaque localité touchée, des abris de fortune ont été érigés à la hâte pour offrir un refuge à celles et ceux qui n’ont plus de toit. De plus, un système organisé de distribution a été mis en place pour s’assurer que les personnes en situation de plus grande vulnérabilité reçoivent des denrées alimentaires essentielles sans avoir à se déplacer jusqu’aux points de distribution.
Dans les villages du Haut Atlas, les maisons traditionnelles en pisé et en ardoise ont été réduites à l’état de ruines et les glissements de terrain ont ravagé les champs en terrasses. C’est comme si la force de gravité s’était abattue sur chaque parcelle de cette terre autrefois paisible.
Les expressions de gratitude de celles et ceux qui ont presque tout perdu sont remarquablement discrètes, mais profondément émouvantes. Une personne âgée prépare du thé, une femme tend une poignée de noix et deux jeunes offrent une simple natte pour s’asseoir.
À l’église des Saints-Martyrs de Marrakech, la communauté paroissiale ne ménage pas ses efforts pour apporter son soutien. Hier encore, neuf véhicules sont partis en convois distincts vers différentes vallées, chargés de provisions et de produits de première nécessité.
Aujourd’hui, des personnes représentantes de différentes ONG ont convergé vers le bureau local de Caritas, s’efforçant de coordonner leurs efforts pour apporter la réponse la plus efficace possible.
L’afflux de soutien de la part de nombreuses organisations est à la fois réconfortant et substantiel, et de nombreuses communautés se sont jointes à nous dans la prière. Certains gestes de solidarité nous ont profondément touché, comme les paroles de communion de nos collègues d’Alep, la région syrienne dévastée par la guerre. Là, il y a à peine six mois, des tremblements de terre ont coûté la vie à des centaines de personnes.
Les personnes et les communautés touchées par cette catastrophe sismique restent résilientes et inébranlables, se tenant debout face à l’adversité. Parfois, on ne peut s’empêcher de se demander ce qui alimente leur espoir au milieu des décombres et de la perte profonde d’êtres chers. Leur réponse, « Alhamdolilah » [Dieu soit loué], nous rappelle que la vie elle-même est un don précieux. Ces personnes sont marquées par la douleur, mais résolues à embrasser la vie avec gratitude. Alhamdolilah !