Guapinol : des gens toujours solidaires pour la terre

Par Mary Durran, chargée de programmes pour l’Amérique latine

Guapinol protests Guapinol manifeste
Poursuivant leur lutte depuis dix ans contre une mine de fer hautement polluante dont le permis a récemment expiré et dont les propriétaires cherchent à obtenir le renouvellement, les manifestant·e·s ont bloqué la route d’accès à Guapinol.

Le procès de Juan Orlando Hernández, ex-président du Honduras, pour trafic de drogue et infractions liées aux armes, débutera le 12 février à New York. Pendant ce temps, à plus de 3 000 kilomètres de là, les communautés de la verdoyante vallée de l’Aguán, au Honduras, sont toujours aux prises avec l’héritage de corruption de l’ancien président.

Cette semaine, Lenir Pérez, un associé de M. Hernández, a fait des pieds et des mains pour que la licence de la mine de Los Pinares soit renouvelée pour 30 ans, alors même que des manifestants bloquaient la route de Guapinol, appelant le gouvernement à fermer définitivement cette exploitation hautement polluante.

« C’est très dommage de devoir recourir à un barrage routier », a déclaré Juana Zúñiga, leader communautaire, l’un des visages de la campagne Solidaires pour la terre menée par Développement et Paix ― Caritas Canada. Elle se tenait devant un portrait de Carlos Escaleras, un écologiste assassiné en 1997 pour avoir défendu cette même région contre les plantations de palmiers à huile africains appartenant au beau-père de Lenir Pérez, Miguel Facussé.

Mme Zúñiga a ajouté : « Nous ne pouvons pas continuer à vivre ainsi. Nous devons réfléchir à deux fois avant de manger un poisson de la rivière ici. De plus, trois femmes ont fait des fausses couches inexpliquées cette année. »

L’opposition à la mine de Los Pinares a fait payer un lourd tribut aux villageois·e·s. Trois leaders ont été assassinés au cours de la seule année 2023 ; huit ont été injustement détenus pendant plus de deux ans ; et 32 ont été criminalisés sur la base d’accusations forgées de toutes pièces.

La mine est liée à l’héritage de M. Hernández. En 2013, il était président du Congrès lorsque celui-ci a approuvé un décret réduisant la superficie du parc national de Montaña Botaderos – Carlos Escaleras de 217 hectares, afin d’autoriser des concessions minières dans la communauté de Guapinol et dans le département voisin d’Olancho.

L’abrogation du décret 252-2013, qui a frauduleusement réduit les limites du parc, est aujourd’hui au cœur de la lutte dans les départements de Colón et d’Olancho, qui se partagent la montagne Botaderos.

Malheureusement, cette lutte n’est pas près de se résoudre. La communauté a unanimement demandé l’annulation de la concession de Guapinol lors de plusieurs consultations publiques, dont la plus récente a eu lieu le 9 décembre 2023. Pourtant, le maire de Tocoa, Adán Funes, a tenté d’imposer une nouvelle consultation le 31 janvier dans une communauté voisine favorable à l’exploitation minière. Les tribunaux locaux ont confirmé l’injonction obtenue par la communauté de Guapinol pour empêcher la nouvelle consultation, qui a été reportée, du moins pour le moment.

« Notre lutte est renforcée par votre solidarité », a déclaré Lesley Vanegas, de la Coordination des organisations populaires de l’Aguán, appelant les Canadiennes et les Canadiens à signer notre lettre adressée à l’ambassadrice du Honduras au Canada, demandant à son gouvernement d’écouter les habitant·e·s de Guapinol. « C’est un moment crucial pour s’assurer que le permis ne sera pas renouvelé. »

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