Par Kingsley Alozie, ambassadeur jeunesse pour la région Atlantique

Embauchés saisonnièrement dans le cadre d’un programme qui rend hommage à un ancien directeur général de Développement et Paix – Caritas Canada (DPCC), nos personnes ambassadrices jeunesse agissent à titre de porte-parole et de leaders de nos efforts de sensibilisation et d’engagement auprès des jeunes. À ce titre, Kingsley Alozie a participé au volet jeunesse du symposium « From Aid to Action » (De l’aide à l’action), organisé à l’occasion du 50e anniversaire du Conseil atlantique pour la coopération internationale (CACI) à Halifax, en Nouvelle-Écosse, du 17 au 19 juin 2025 (voir page Web en anglais).
Participer au symposium jeunesse du Conseil atlantique pour la coopération internationale (CACI) a été pour moi une expérience forte et transformatrice, en tant que doctorante en linguistique spécialisée dans les langues autochtones marginalisées et en tant qu’ambassadeur jeunesse du DPCC pour la région Atlantique. Cet événement de trois jours a réuni des jeunes, des militant·e·s et des experts afin d’explorer l’évolution du paysage du développement international, de la justice et de l’engagement des jeunes à travers une perspective féministe centrée sur la communauté.
Expériences d’un ambassadeur jeunesse : Jour 1 – Présentations, rencontres et dialogue entre jeunes
Le symposium a débuté par des présentations dynamiques qui nous ont permis de partager nos identités, nos objectifs et les rôles que nous jouons en tant que jeunes agent·e·s du changement dans nos communautés respectives. Il a été inspirant de rencontrer et d’échanger des idées avec des jeunes leaders de partout au Canada et à l’étranger, notamment des étudiants de l’Université d’État de Romblon aux Philippines. Nos séances interactives nous ont permis d’explorer les défis communs en matière de développement communautaire et d’éducation, ainsi que des perspectives culturelles uniques qui ont enrichi nos points de vue collectifs.
Ces échanges interculturels m’ont rappelé le pouvoir de la solidarité et l’importance de l’inclusion des jeunes dans la construction d’un avenir durable. En tant que personne travaillant à la préservation des langues autochtones, j’ai senti que cette interaction renforçait la pertinence mondiale de nos efforts locaux et la manière dont la langue et la culture sont liées à la justice, au développement et à la consolidation de la paix.

Jour 2 – Aide internationale, réconciliation et politique étrangère féministe
Nous avons commencé par une réflexion sur le territoire Mi’kmaq, qui nous a permis de nous ancrer dans le processus continu de réconciliation. Cela correspondait à mon domaine d’étude, car la revitalisation linguistique joue un rôle clé dans les efforts de réconciliation.
La session animée par Jackie Dowling, chargée du programme jeunesse du CACI, sur les jeunes dans la coopération internationale a souligné la nécessité d’intégrer la voix des jeunes dans les processus décisionnels, un point qui corrobore directement mon travail de plaidoyer auprès de DPCC. La présentation sur l’aide publique au développement (APD) donnée par Gabrielle Bardall, professeure adjointe de sciences politiques à l’Université Sainte-Anne, a été très instructive. Elle a permis de clarifier les mythes qui entourent l’aide mondiale et les distinctions entre l’aide multilatérale et bilatérale. Ces informations m’ont permis de mieux comprendre l’aide étrangère et m’ont aidé à évaluer de manière critique comment le soutien international peut soit renforcer, soit affaiblir les communautés locales.
L’ambassadrice Lilly Nicholls a abordé la politique d’aide internationale féministe du Canada, saluant son soutien aux initiatives locales menées par des femmes tout en soulignant ses lacunes, telles que la mise en œuvre non coordonnée et le sous-financement. J’ai été particulièrement frappée par la critique du rôle contradictoire du Canada en matière de justice mondiale. Alors même qu’il parle de promouvoir la justice à l’étranger, le Canada tire profit de systèmes d’exploitation tels que la mode éphémère et l’exploitation minière dans les pays du Sud. Cette tension reflète les réalités auxquelles DPCC cherche à s’attaquer en nous exhortant à dénoncer l’injustice, quelle que soit son origine.
Jour 3 – Souveraineté alimentaire, responsabilité et changement politique

La troisième journée a mis l’accent sur le financement, les partenariats et la localisation, notamment à travers des présentations d’affiches qui ont mis en avant le travail réalisé dans la région atlantique. La discussion sur les systèmes alimentaires et la préservation des semences au Guatemala a fait écho aux thèmes de la préservation culturelle et linguistique, qui sont au cœur de mes recherches et de mon action militante. L’appel à la souveraineté alimentaire a remis en question les modèles agro-industriels et a plutôt mis l’accent sur les connaissances communautaires, tout comme l’appel à la préservation des systèmes linguistiques et culturels autochtones.
Des sessions telles que « Aide, action et responsabilité : l’expérience africaine » et « Naviguer le changement politique pour la justice mondiale » ont mis en lumière le leadership local et la manière dont les jeunes peuvent redéfinir les récits dans les contextes postcoloniaux. Une étude de cas sur Haïti a souligné l’importance de former les jeunes à diriger avec une vision de la justice. Elle a réaffirmé ma conviction en faveur d’un développement par la base et de l’importance d’un leadership localisé et porté par les jeunes.
Réflexions finales d’un ambassadeur jeunesse
Ce symposium m’a permis de faire converger ma vie professionnelle et mon engagement militant. Il a renforcé ma détermination à promouvoir la justice linguistique autochtone tout en amplifiant la voix des populations défavorisées dans les débats sur le développement mondial. En tant que linguiste et ambassadeur jeunesse, j’en suis ressorti avec la volonté de faire le lien entre la recherche universitaire et l’action communautaire à travers le récit interculturel, en m’engageant de manière éthique et en défendant sans crainte l’équité et l’inclusion.