Les sirènes hurlantes des ambulances qui se précipitent vers des hôpitaux débordés, les cris de frustration des médecins qui n’ont plus de médicaments à administrer, les halètements des poumons privés d’oxygène, les lamentations des familles endeuillées, le rugissement incessant des bûchers funéraires…. Tels sont les paysages sonores de l’Inde, vaincue par la résurgence sans merci de la pandémie de COVID-19.
Des chiffres à couper le souffle
Selon les données (disponibles uniquement en anglais) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Inde comptait 20 282 833 cas confirmés de COVID-19 et 222 408 décès dus à la maladie en date du 4 mai. Plus inquiétante encore que l’ampleur de ces chiffres – qui font de l’Inde le deuxième pays le plus touché au monde – est la rapidité impitoyable de leur récente progression.
Le 1er mai, après une semaine où les nombres de cas ont battu des records presque quotidiennement, l’Inde est devenue le premier pays à signaler plus de 400 000 nouveaux cas de COVID-19 en 24 heures. Cinq jours plus tard, ce record a été surpassé, avec 412 262 cas. La semaine précédente, le pays avait franchi un autre cap macabre en rejoignant le très petit groupe de nations malheureuses à avoir comptabilisé plus de 3000 décès reliés à la COVID-19 en une seule journée. Depuis, le nombre de décès quotidiens est resté supérieur à 3 200 et frôle maintenant la barre des 4 000. Aujourd’hui, le ministère de la santé indien rapporte plus de 3,5 millions de cas actifs.
Avec des taux de positivité des tests allant de 15 à 30 %, une amélioration rapide de la situation semble peu probable. De plus, il est inquiétant de constater que les chiffres seraient largement sous-estimés.
Entre pénuries et trépas
Comme le fait remarquer la directrice régionale de l’OMS, la Dre Poonam Khetrapal Singh, « L’augmentation rapide actuelle des cas de COVID-19 exerce une pression immense sur les systèmes de santé, déjà surchargés depuis le début de la pandémie. »
Dans tout le pays, les hôpitaux sont à court de lits, de médicaments, d’équipements et, surtout, d’oxygène médical. Même dans les métropoles et dans le secteur privé, où les établissements de santé sont généralement mieux équipés, les pénuries sont graves et répandues.
Les cimetières manquent de place et les fours des crématoriums fondent en raison de leur utilisation incessante.
Pire encore, la campagne de vaccination de l’Inde a également été ralentie après un départ initial encourageant.
Un appel urgent
La semaine dernière, le père Paul Moonjely, directeur exécutif de Caritas Inde, a écrit à Caritas Internationalis, demandant à ses membres d’« encourager la communauté des fidèles, des institutions et des personnes de bonne volonté à contribuer généreusement » pour aider son organisation à faire face à la crise. Il a également envoyé le message vidéo suivant :
Redoubler les efforts de secours
Dès le début de la pandémie, l’Église catholique indienne, agissant principalement à travers Caritas Inde, a apporté son soutien aux groupes les plus défavorisés, tels que les habitant·e·s des bidonvilles, les travailleurs et travailleuses migrant·e·s, les ménages avec des personnes ayant des besoins spéciaux, les veuves et les sans-abris. Les services et le matériel de secours fournis par l’Église ou avec son soutien ont inclus :
- De la nourriture dans les cuisines et les centres de distribution des bidonvilles, aux points de transit des migrations, etc.;
- Des masques, des désinfectants et des kits d’hygiène aux communautés vulnérables;
- Un soutien psychosocial et des services d’assistance téléphonique pour les personnes traumatisées et en deuil;
- Des campagnes d’éducation publique sur la prévention des infections et la vaccination;
- Des services à large spectre axés sur les personnes migrantes;
- Un soutien apporté au système de santé public, notamment en expertise, en installations et en équipements de cliniques et d’hôpitaux gérés par l’Église.
Pour relever les défis posés par la deuxième vague de la pandémie, Caritas Inde devra redoubler ces efforts de secours. Le père Moonjely écrit : « Il y a une urgence critique d’atteindre les populations épuisées et abandonnées qui ont été dépossédées et isolées. Nous sommes confrontés à un défi de taille : empêcher que notre système de soins de santé ne s’effondre davantage… »
Développement et Paix — Caritas Canada s’est engagé à verser 50 000 $ au réseau Caritas pour aider le peuple indien en cette période critique.
Toutefois, les besoins dépasseront largement cette somme, étant donné que le fléau de la COVID-19 ne se limite pas à l’Inde.
Une région à risque
La pandémie fait rage dans tout le sous-continent indien. Le directeur régional de l’UNICEF, George Laryea-Adjei, a constaté que (déclaration disponible uniquement en anglais) : « Les scènes que nous voyons en Asie du Sud ne ressemblent en rien à ce que notre région a connu auparavant. Nous sommes confrontés à la réelle possibilité que nos systèmes de santé soient poussés à leur point de rupture, ce qui entraînera encore plus de pertes de vie. »
Ce printemps, les taux d’infection ont connu une forte croissance au Pakistan, au Bangladesh et au Népal. Les systèmes de santé déjà déficients de ces pays risquent de s’effondrer totalement, car moins d’une personne sur dix a été vaccinée dans la majeure partie du sous-continent. Les taux de vaccination dans la région et ailleurs sont également affectés par le fait que l’Inde, l’un des principaux fournisseurs de vaccins au monde, est aux prises avec ses propres pénuries.
Le bilan de M. Laryea-Adjei est sévère : « La nouvelle vague mortelle en Asie du Sud nous menace tous. Elle a le potentiel d’annuler les gains mondiaux durement acquis contre la pandémie… »
Plus optimiste, le père Moonjely a déclaré : « La tempête prendra fin… grâce à notre effort collectif », après avoir dit simplement : « Nous attendons votre soutien… ».