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Cessez-le-feu à Gaza : un répit bienvenu et attendu depuis longtemps

Par Minaz Kerawala, conseiller en communication et relations publiques

Gaza ceasefire Cessez-le-feu à Gaza

Développement et Paix – Caritas Canada applaudit le cessez-le-feu de Gaza, entré en vigueur le 19 janvier 2025 et attendu depuis longtemps, car il met fin à l’effusion de sang que les Palestiniennes et les Palestiniens endurent depuis plus de 15 mois. Nous nous réjouissons également pour les familles des otages israélien·ne·s, dont l’angoisse a duré tout aussi longtemps.

Dès le début, nous avions écouté l’appel du pape François aux croyant·e·s « à ne prendre qu’un seul parti dans ce conflit : celui de la paix », et nous avions fait écho à sa prière pour « taire les armes ». Aujourd’hui, nous accompagnons le Saint-Père en exprimant notre « gratitude à tous les médiateurs » et « à toutes les parties impliquées dans ce résultat important » (lire l’Angélus en anglais).

Cessez-le-feu à Gaza : un nouveau départ

Tout comme notre partenaire Caritas Jérusalem, « nous considérons ce jour comme un nouveau départ » et « une chance de sauver des vies et de restaurer la dignité humaine qui a failli être écrasée par les horreurs de la guerre » (lire la déclaration en anglais). Nous partageons le point de vue de Caritas Internationalis selon lequel le cessez-le-feu devrait être « une étape vers une paix durable dans la région ». Anton Asfar, le secrétaire général de Caritas Jérusalem, exprime avec éloquence ce que ce sursis signifie pour le peuple palestinien :

Cessez-le-feu à Gaza : une épreuve d’engagement

Accord complexe en plusieurs étapes, le cessez-le-feu est fragilisé par plusieurs ambiguïtés et inconnus. Pour qu’il s’installe et se déroule comme prévu, il faudra que toutes les parties s’engagent fermement et agissent de bonne foi. Le choix d’Israël d’avoir tué plus de 110 personnes entre l’annonce et le début du cessez-le-feu, ainsi que les propos belliqueux du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui se réserve le droit de reprendre la guerre, ne sont pas de nature à améliorer ces perspectives.

Il est donc impératif, comme l’a déclaré M. Volker Türk, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, pour « tous les pays influents à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer le succès des prochaines étapes du cessez-le-feu, y compris la libération de tous les otages, et pour mettre fin à la guerre dans son intégralité. »

Le long chemin à parcourir

En plus de 15 mois de bombardements incessants sur Gaza, Israël a tué 46 645 personnes, en a blessé 110 012 et en a déplacé environ 1,9 million, selon le dernier rapport (le consulter en anglais). Il y a quelques mois, une estimation rigoureuse avait chiffré le bilan réel à près de 186 000 morts (voir l’article en anglais). Parmi les victimes, il y aurait 183 journalistes, 1 047 professionnel·le·s de la santé et 340 travailleuses et travailleurs humanitaires (dont nos collègues de Caritas Jérusalem Viola Al ‘Amash et Issam Abedrabbo ; voir mise à jour en anglais).

Selon la mise à jour de décembre 2024 sur Gaza (la voir en anglais) publiée par le Global Protection Cluster, un regroupement d’ONG et d’agences des Nations Unies, 70 % des personnes tuées ou blessées sont des femmes et des enfants ; plus de 10 000 personnes pourraient être ensevelies sous les décombres ; un quart des personnes blessées seront handicapées à vie ; et plus d’un million d’enfants ont besoin d’un soutien en matière de santé mentale.

Cessez-le-feu à Gaza: carte
Israël a détruit les deux tiers des infrastructures essentielles de Gaza (carte issue de la plateforme Cartography of Genocide hébergée sur gaza.forensic-architecture.org par le projet Forensic Architecture de Goldsmith’s, Université de Londres).

La mise à jour indique également que les deux tiers des infrastructures essentielles ont été détruites. Cela comprend 66 % des bâtiments, 68 % des réseaux routiers, 70 % des terres agricoles et 92,9 % des écoles. Tous les hôpitaux ont été endommagés et moins de la moitié d’entre eux fonctionnent partiellement. Les enfants et les adultes en situation de vulnérabilité meurent de malnutrition et de maladies curables. À moins de la moitié de sa campagne meurtrière, Israël avait largué 85 000 tonnes de bombes sur Gaza. , générant 42 millions de tonnes de décombres. Ce bombardement a laissé derrière lui plus de 50,7 millions de tonnes de débris (voir rapport en anglais).

En septembre 2024, un rapport des Nations Unies a conclu qu’il faudrait jusqu’à 350 ans après un cessez-le-feu pour que l’économie de Gaza retrouve son niveau de productivité de 2022. Les agences d’aide ont estimé que la reconstruction pourrait coûter jusqu’à 80 milliards de dollars américains (voir rapportage en anglais).

Un temps de réflexion pour toutes et tous

Alors que le peuple palestinien pousse un soupir de soulagement, le monde ne peut s’empêcher de se joindre à lui pour célébrer et savourer ce cessez-le-feu. Cependant, l’euphorie ne doit pas se transformer en complaisance, et encore moins en amnésie.

Hier, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a fait état d’une « vague de violence renouvelée perpétrée par des colons et les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie occupée, coïncidant avec la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu à Gaza et la libération d’otages et de détenus » (voir communiqué en anglais).

Nous ne pouvons pas non plus perdre de vue ce qui se passe au-delà de Gaza, au Liban, en Iran, en Irak, en Syrie et au Yémen, qui ont tous été attaqués à plusieurs reprises par Israël ou ses alliés au cours de l’année écoulée. L’arrêt de toutes ces violences doit désormais être une priorité.

Il est temps pour tous les peuples et toutes les nations de faire le point sur les échecs collectifs. Nous devons nous demander ce qui a permis à Israël de poursuivre le carnage que le pape François a qualifié de « terrorisme » et que Human Rights Watch et Amnesty International ont jugé génocidaire. Nous devons nous engager à garantir le succès et la permanence du cessez-le-feu, à contribuer autant que possible aux efforts monumentaux de secours et de reconstruction qui nous attendent, à rechercher la justice et la responsabilité, et à veiller à ce que le cessez-le-feu ouvre la voie à une paix juste et durable.

Un temps pour le Canada et les Canadien·ne·s de se mobiliser

Inspirés par l’Enseignement social de l’Église et convaincus que notre pays a un rôle important à jouer, nous exhortons le gouvernement du Canada à maintenir un embargo sur les exportations d’armes vers Israël et à :

  • suivre de près la mise en œuvre du cessez-le-feu et veiller à ce qu’il soit respecté dans la lettre et l’esprit par toutes les parties ;
  • exhorter les autorités israéliennes à laisser entrer à Gaza encore plus de camions d’aide que les 600 par jour convenus ;
  • utiliser tous les moyens moraux, diplomatiques, politiques et économiques pour contraindre Israël à réduire la violence des colons en Cisjordanie et à assouplir les restrictions supplémentaires imposées aux Palestinien·ne·s à la suite de la guerre contre Gaza ;
  • exhorter Israël à revenir sur toute décision d’interdire ou d’entraver l’action de l’UNRWA ;
  • honorer son engagement à exécuter les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale, quel que soit le parti au pouvoir après les prochaines élections ;
  • s’engager clairement et publiquement à soutenir toutes les procédures en cours devant la Cour internationale de justice ;
  • soutenir les résolutions des Nations Unies qui dénoncent ou cherchent à limiter l’occupation continue des territoires palestiniens par Israël et la persécution du peuple palestinien ;
  • œuvrer en faveur d’un processus de médiation internationale visant à garantir une paix juste et durable pour les peuples palestinien et israélien ; et
  • engager des fonds substantiels pour l’aide humanitaire immédiate et les efforts de reconstruction à long terme.


Comptant sur la générosité des Canadiennes et des Canadiens, nous restons engagés à soutenir tous nos partenaires en Terre Sainte et à aider Caritas Jérusalem à tenir sa promesse de « reconstruire non seulement les bâtiments, mais aussi l’être humain, en préservant sa dignité et en lui donnant la chance de vivre la vie qu’il mérite ».

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