Six jeunes québécois effectuent actuellement un stage d’initiation à la solidarité internationale à Madagascar dans le cadre du programme Québec sans frontières (QSF). Ils participent aux activités du Conseil de Développement d’Andohatapenaka (CDA), un partenaire de Développement et Paix – Caritas Canada.
La mission du CDA est de participer à l’amélioration des conditions de vie des habitants de six quartiers défavorisés d’Antananarivo. Il accompagne les populations vers leur autopromotion et offre des services sociaux de base (santé, éducation), des services d’emploi et de création d’Activités Génératrices de Revenus (AGR), de promotion des droits humains et d’éducation citoyenne. Dans le cadre de son programme de bonne gouvernance, le CDA a développé un projet visant la mobilisation et le développement du leadership des jeunes; c’est dans ce contexte que les stagiaires effectuent leur stage. Au courant de leur séjour, le groupe nous partage le récit de leurs expériences.
À la frontière de Tana
Vaste de 87 km2, haute de 1 500 mètres et peuplée d’environ deux millions et demi d’habitants <1>, Antananarivo est le centre économique et politique de Madagascar. On ressent en permanence l’effervescence de la ville : les petites commerçantes et petits commerçants de rue forment un marché géant ; zébus et chèvres se faufilent entre les voitures dans le trafic constant ; la population s’accumule dans les places publiques durant les jours fériés, les jours de fête, et les soirs de victoire des Baréas (qui veut dire zébus), l’équipe nationale de soccer.
Des commerçantes et commerçants de rue à Andohatapenaka.
Nous résidons dans un hébergement regroupé à Andohatapenaka, un quartier défavorisé en périphérie ouest de la capitale. Le contexte socioéconomique y est assez précaire.
Une digue et le fleuve Ikopa délimitent le quartier, les activités humaines et économiques y affluent. Les femmes nommées « lessiveuses » lavent le linge dans l’eau, et les hommes récoltent la glaise pour en produire les fameuses briques rouges avec lesquels sont construits les bâtiments de la ville. Les principaux enjeux de développement dans ce quartier sont l’insécurité (il est déconseillé de sortir après le coucher du soleil à 17h30) ainsi que l’insalubrité, incluant la gestion des déchets.
La digue où travaillent les « lessiveuses » et sont fabriquées les briques rouges.
Le Conseil de Développement d’Andohatapenaka (CDA), partenaire de Développement et Paix mais également notre hôte, est une référence dans le quartier. Fondé en 1982 par le père Jacques Couture, un jésuite et politicien québécois, le CDA ne cesse de multiplier ses domaines d’intervention pour le développement de la communauté.
J’ai été impressionnée par l’ampleur des initiatives : des programmes de résilience face aux changements climatiques à l’établissement d’une clinique juridique des droits humains, en passant par de la microfinance et l’accueil des personnes réfugiées. La liste des activités, du personnel mobilisé et des partenariats est bien longue. Nous travaillons au sein de l’équipe du Programme de bonne gouvernance avec des jeunes d’une association intégrée au CDA dans le cadre du projet Jeunesse et Citoyenneté.
Dans une ville si complexe et agitée que Tana, les enjeux et les inégalités d’un pays appauvri se font ressentir en permanence. Le CDA représente cependant un petit havre de paix, une communauté dans la communauté.
Jeunes, enfants, vazahas (c’est-à-dire occidentaux), personnes réfugiées, familles et personnes employées sont toujours présents pour se réunir autour du terrain de basket, à la bibliothèque, aller à l’école, ou profiter des nombreux autres services du CDA.
Bien qu’en sortant en ville on ressent de toute part la différence de mode de vie avec le Québec, les moments de rencontre et de partage avec des jeunes au sein du CDA nous montrent nos similarités et nous unissent.
1 Le dernier recensement de population remonte à 1993, d’après différentes sources, la population de l’aire urbaine Antananarivo est comprise entre 1 300 000 et 3 210 000 d’habitants.