Une relance verte : « on sait qu’on est capable »


Hélène et son mari, Al Boyko, pratiquent l’agroécologie dans leur ferme en Saskatchewan.

Je suis une enseignante à la retraite, un membre de longue date de Développement et Paix et une fermière de la Saskatchewan. J’ai découvert Développement et Paix au début des années 1970 grâce à ma mère, qui apportait le matériel de campagne de l’organisme à notre paroisse.

Ensuite, j’ai intégré les campagnes d’automne et de Carême de partage dans mes classes. J’étais particulièrement engagée lorsque Développement et Paix a commencé à défendre l’environnement comme un moyen d’améliorer la vie des personnes les plus pauvres et les plus vulnérables dans le pays du Sud. Comme je l’ai compris, « la clameur de la terre » et « la clameur des pauvres », dont parle le pape François dans Laudato Si’, sont la même chose.

J’ai grandi en embrassant la nature dans la forêt boréale. Ma vie d’adulte en tant qu’agricultrice m’a intimement liée à l’environnement et au climat de plus en plus changeant et chaotique.

Au fur et à mesure que mon engagement avec Développement et Paix a mûri, j’ai commencé à me considérer comme une vétérane de la cause. Après avoir servi pendant six ans au sein du Conseil national et après avoir été impliqué à de nombreux niveaux, j’ai beaucoup appris sur notre travail dans le Sud. En 2015, j’ai eu la chance d’être invité à rejoindre notre délégation pour participer aux activités de la société civile lors du sommet de la COP21 à Paris.

Pendant plusieurs jours, nous avons participé à des ateliers et des séminaires avec des organisations européennes qui partagent nos valeurs, ainsi qu’avec nos partenaires du Sud. Ces rencontres ont renforcé mon sentiment d’urgence face à la crise climatique.

Trois jeunes poètes de pays insulaires du Pacifique nous ont exhorté, avec des mots forts et déchirants, à maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de deux degrés Celsius, afin d’éviter la noyade de leurs patries. Leurs voix et les images qu’elles ont évoquées me hantent toujours. Ils ont galvanisé mon engagement à intégrer cette expérience dans mon travail et dans mon militantisme.

Pour une fermière comme moi, la sphère évidente dans laquelle faire progresser la justice climatique est l’agriculture. J’avais entendu parler de l’agroécologie à la conférence de Paris. Depuis, je me suis informé à ce sujet, j’ai été formée, j’ai adopté des pratiques agroécologiques et j’ai étudié le potentiel de séquestration du carbone de l’agriculture régénérative. Lors du Forum social mondial de 2016 à Montréal, j’ai eu l’honneur d’être une panéliste sur l’agroécologie.

En ce cinquième anniversaire du sommet de Paris, je suis de plus en plus préoccupée par le manque apparent de vigilance, non seulement chez mes voisins agriculteurs, mais aussi à tous les niveaux de gouvernement : municipal, provincial et fédéral. Je suis consterné que l’idéalisme brillant de 2015 se soit évanoui et ait presque disparu du radar. On ne peut pas maintenir les oléoducs d’un côté et la justice climatique de l’autre.

Il est temps de mettre les deux mains sur le volant, et de s’assurer que tout notre être suive derrière une véritable action en faveur du climat. Au cours de cette pandémie, nous avons vu le Canada et le monde pivoter à grande vitesse. On sait qu’on est capable de mieux. Il nous faut juste la volonté d’une relance verte animée par un authentique souci de notre maison commune.

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