Un cessez-le-feu permanent maintenant : un appel de la Terre Sainte qui résonne dans le monde entier

Par Minaz Kerawala, conseiller en communication et relations publiques

Le samedi 16 décembre 2023, plus de 300 personnes de tout le Canada et d’ailleurs se sont jointes à un Appel à la paix à Gaza : discussion de l’avent. Ce webinaire spécial organisé par Développement et Paix ― Caritas Canada mettait en vedette Son Éminence le cardinal Pierbattista Pizzaballa, le Patriarche latin de Jérusalem, et Anton Asfar, le secrétaire général de Caritas Jérusalem. Il était animé par Rebecca Rathbone, chargée de la promotion du leadership des jeunes à Caritas Internationalis.

Mgr Pierre Goudreault, vice-président de la Conférence des évêques catholiques du Canada et membre de notre conseil national, a ouvert la séance en lisant un passage de l’Écriture sainte et en invitant les personnes participantes à observer un moment de silence contemplatif et de prière collective.

Un cessez-le-feu pour mettre « fin à cette folie »

Le directeur général Carl Hétu a ensuite expliqué à quel point il était consterné et attristé par les meurtres et les enlèvements de civils israéliens perpétrés par le Hamas le 7 octobre, que Développement et Paix – Caritas Canada a rapidement condamnés sans équivoque. Bien qu’il s’attendait à des représailles rapides de la part d’Israël, il a déclaré que cette violence extrême et continue « devait être dénoncée, et nous l’avons dénoncée en tant qu’organisation ».

Il a par ailleurs ajouté : « Cette guerre ne sert qu’à déshumaniser les gens et à accroître la haine. Ce n’est pas en gardant deux millions de Palestinien·ne·s dans un état de peur, en affamant des enfants et en tuant des innocents que l’on résoudra un problème ».

M. Hétu a exprimé sa profonde déception face à « l’incapacité de la communauté internationale et de ses institutions à résoudre les conflits qui sont endémiques non seulement en Palestine mais, comme l’a noté le Pape François, qui se propagent dans le monde entier ». Il a évoqué la nécessité de réformer ces institutions en proie à des contradictions internes et à des déséquilibres de pouvoir.

M. Hétu a expliqué comment la lettre courageuse du cardinal Pizzaballa à ses fidèles, datée du 24 octobre, nous avait motivés et guidés pour appeler à un cessez-le-feu. Allant plus loin, il a déclaré : « Nous appelons maintenant à un cessez-le-feu permanent, un cessez-le-feu qui mettra fin à cette folie, à cette violence qui a lieu ».

Une contribution chrétienne à une aspiration universelle

Le cardinal Pizzaballa, qui s’était offert en échange d’otages israélien·ne·s (dont 129 sont toujours en captivité), a fait part de la triste nouvelle de l’assassinat par des tireurs d’élite israéliens d’une femme et de sa fille dans la paroisse latine de la Sainte-Famille à Gaza, le matin même. Il a décrit la situation catastrophique de près de deux millions de personnes déplacées à Gaza, qui n’ont pas d’électricité, d’abri, de nourriture, d’eau, d’assainissement ou de soins de santé et qui sont coupées de toute aide. Il a rappelé aux personnes participantes qu’en Cisjordanie aussi, les Palestinien·ne·s subissaient la dépossession, le déplacement, le blocus, la violence et les assassinats.

Pour lui, la voie chrétienne est de « continuer à insister, malgré tout, sur le fait que la violence n’est pas la voie, qu’elle n’est pas la solution ; d’où qu’elle vienne, Hamas ou Israël, nous la condamnons ». Il a ajouté : « Nous voulons la paix, mais nous ne pouvons pas nous contenter de parler de paix dans l’abstrait. La paix exige aussi un appel à la justice. »

Parlant des chrétiennes et des chrétiens, le cardinal Pizzaballa a déclaré : « Nous ne représentons qu’un pour cent de la population ; nous devons travailler avec toutes les personnes qui veulent la paix, qu’elles soient juives, musulmanes, israéliennes ou palestiniennes ». Mais, dit-il, les chrétiens peuvent aider les autres « à mettre ensemble trois mots qui sont ici très difficiles à mettre ensemble : justice, vérité, pardon. Pour nous, chrétiennes et chrétiens, ces trois mots ont une source commune ».

Notant que la violence imprégnait le langage bien avant la flambée actuelle, le cardinal a déclaré que l’Église, notamment grâce à son rôle important dans le secteur de l’éducation, pouvait planter les graines de la paix en s’opposant aux récits de déshumanisation, de haine et d’aliénation.

Cessez-le-feu et au-delà : le chemin vers la paix

M. Asfar a donné un aperçu du mandat de Caritas Jérusalem, qui comprend la prestation de services de soins de santé, d’éducation, d’entreprenariat, de développement, de jeunesse et de femmes à Gaza et en Cisjordanie. Il a indiqué que la plupart de ces activités régulières ont dû être suspendues après le 7 octobre, afin de « donner la priorité à la sûreté et à la sécurité du personnel ». Il a expliqué un système dans lequel le personnel basé en Cisjordanie et à Jérusalem prenait des nouvelles de leurs homologues de Gaza et les soutenait. Il a expliqué à quel point l’assassinat de deux membres du personnel et de leurs familles avait été dévastateur.

Malgré ces échecs et ces contraintes, Caritas Jérusalem continue de fournir les secours, l’aide et le soutien qu’elle peut par le biais de cliniques ad hoc et d’unités mobiles où travaillent des personnes qui sont elles-mêmes déplacées à l’intérieur du pays et qui sont confrontées à de grandes difficultés et à des privations.

« Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et complet », a déclaré M. Asfar, ajoutant : « Nous appelons également la partie israélienne à lever tous les obstacles à l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza, afin de permettre aux agences humanitaires d’opérer en toute sécurité et protégées de la violence ». Il a également appelé à la levée des blocages économiques et à la liberté d’action du secteur privé, car les petites entreprises sont nécessaires pour fournir les biens et les services que les agences humanitaires ne peuvent tout simplement pas fournir.

« Nous demandons à la communauté internationale d’intensifier ses efforts diplomatiques et d’user de tout son poids politique afin d’éviter une crise humanitaire encore plus catastrophique », a plaidé M. Asfar.

Une catastrophe dont le monde s’éveille

La situation humanitaire à Gaza s’est considérablement détériorée au cours des dernières semaines. Human Rights Watch s’inquiète du fait que « le gouvernement israélien utilise la famine des civils comme méthode de guerre » (lire l’article en anglais). Une coupure prolongée des communications entrave la distribution de l’aide (voir déclaration en anglais).

Quelque 1,9 million de personnes ont été déplacées dans la bande de Gaza, certaines à plusieurs reprises (voir rapport en anglais). Les Nations Unies font état de 18 787 morts, dont environ 70 % sont des femmes et des enfants. Plus de 50 000 personnes ont été blessées. En Cisjordanie, plus de 278 Palestiniennes et Palestiniens, dont 70 enfants, ont été tués (voir rapport en anglais).

Face aux preuves de plus en plus nombreuses de ces atrocités totalement injustifiables, la pression monte sur Israël pour qu’il mette fin à la guerre en collaboration avec le Hamas. Le pape François lui-même a accepté certaines des évaluations les plus sévères des actions d’Israël, en déclarant hier : « Oui, c’est la guerre, c’est le terrorisme. »

Alors que la communauté internationale déplore les attaques du Hamas et soutient généralement le droit d’Israël à l’autodéfense, l’humeur est en train de changer. Même le Canada, qui a longtemps évité de parler de cessez-le-feu, a rejoint 152 autres pays à l’ONU en votant en faveur d’un cessez-le-feu le 12 décembre.

Dans une déclaration commune, les premiers ministres du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ont adopté un ton extraordinairement franc : « Le prix à payer pour vaincre le Hamas ne peut être la souffrance continue de tous les civils palestiniens », peut-on lire dans la déclaration. « Nous nous opposons au déplacement forcé des Palestiniens de Gaza, à une nouvelle occupation de Gaza, à toute réduction de territoire et à tout recours au siège ou au blocus. »

La déclaration dénonce également la violence des colons et s’engage à « travailler avec nos partenaires en vue d’instaurer une paix juste et durable fondée sur une solution à deux États, où Israéliens et Palestiniens peuvent vivre en sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues ».

Il est toutefois remarquable et décevant de constater que la déclaration présente le cessez-le-feu comme une simple reprise de la récente pause dans les hostilités, et non comme la fin permanente du conflit qui est nécessaire et à laquelle Développement et Paix ― Caritas Canada appelle.

Ce que vous pouvez faire pour aider

« Je me sers toujours de mon chapelet comme d’un pouvoir et d’un outil de guérison », a révélé M. Asfar. « Je conseille à chacun d’entre vous d’utiliser un chapelet lorsque vous vous sentez inquiet », a-t-il ajouté, racontant comment il lui avait apporté force et réconfort lorsque la souffrance qui l’entourait l’avait submergé de larmes.

La prière a également été la première recommandation du cardinal Pizzaballa quant à ce que les Canadiennes et les Canadiens peuvent faire pour le peuple palestinien. Il a également encouragé les personnes participantes à plaider en faveur de la paix, à faire des dons pour soutenir les opérations de secours et à éviter les divisions qui, regrette-t-il, ont déchiré sa partie du monde.

Aujourd’hui, en particulier, les Canadiennes et les Canadiens sont aussi invités à se joindre à la Journée mondiale d’action lancée par Caritas Internationalis. Les actions recommandées pour le 18 décembre sont les suivantes :


Le peuple de Palestine compte sur votre soutien en cette période difficile. Vos efforts et vos contributions sont essentiels à la cause de la paix en Terre Sainte.



Si vous avez manqué le webinaire, vous pouvez en regarder l’enregistrement ci-dessous :

  • Cliquez ici pour passer directement au discours d’ouverture de Carl Hétu.
  • Cliquez ici pour passer directement à la présentation du Cardinal Pizzaballa.
  • Cliquez ici pour passer directement à la présentation d’Anton Asfar.

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