Un avent de progrès : la place des femmes dans le renouvellement de la loi des communes en Équateur

Notre chargé de programmes en Équateur, Normand Comte et notre conseillère aux communications et relations publiques, Romina Acosta Bimbrera, étaient de passage dans le pays à la fin novembre pour visiter les communautés et témoigner du travail de notre partenaire local, le Centro de Desarrollo, Difusión e Investigación Social – CEDIS (Centre pour le développement, la diffusion et la recherche sociale).

Par Romina Acosta Bimbrera, conseillère aux communications et relations publiques

La Loi sur l’organisation et le régime des communes en Équateur est en vigueur depuis 1937. Elle établit comment les communautés doivent être régies, mais ne prend pas toujours en considération la situation des communautés ni les besoins de celles-ci. En 2022, une demande a été faite par une membre de l’assemblée nationale (Consultez ici le document de demande en espagnol) pour la reformer en incluant la reconnaissance des droits collectifs des communes et des communautés, établis dans la Constitution équatorienne depuis 2008.

Tout au long de cette année, le CEDIS a réalisé des consultations pour permettre aux femmes de réfléchir sur ce qu’il faudrait inclure dans cette réforme, surtout concernant la violence basée sur le genre et leur rôle, en tant que femmes autochtones, dans la société. Nous avons eu la chance de participer en tant que personnes observatrices dans une de ces consultations dans la communauté de Palacio Real dans la province de Chimborazo.

Le rôle des femmes et des hommes préhispaniques

Cristina Cucurí fait partie de l’équipe du CEDIS depuis plusieurs années. Elle est en charge de la formation lors des rencontres qui sont réalisées en espagnol, mais également en kichwa. Elle commença la réunion en rappelant aux participantes qu’avant la colonisation, la place des femmes et des hommes était beaucoup plus égalitaire. Les femmes n’étaient pas uniquement en charge des tâches ménagères, mais elles participaient aussi à la prise des décisions dans les villages. Pourquoi, maintenant, ce n’est plus le cas ?

Asencia Shucad, une des participantes prit alors la parole :

« Les femmes nous-mêmes nous ne nous valorisons pas. Nous travaillons, mais nous ne sommes pas payées, même si nous travaillons plus fort et plus longtemps que nos maris ».

C’est effectivement le cas. Un sondage réalisé en janvier 2023 par la Faculté d’économie de la Pontificia Universidad Católica del Ecuador (Université pontificale catholique d’Équateur) à Quito révèle que les mères de famille consacrent environ 29,62 heures par semaine aux activités en lien avec la préparation des aliments et du ménage de la maison, tandis que les pères consacrent uniquement 6,24 heures. La tendance est semblable pour les filles de la maison qui consacrent 6,65 heures versus les garçons, qui ne travaillent que 1,92 heures.

Les besoins des femmes dans les communautés

Par la suite, Cristina présenta aux participantes certains articles de la loi actuelle. Ils ont été revus et vulgarisés pour qu’ils soient accessibles à toutes les participantes. Elle posa alors la question : Pourquoi les femmes ont été ignorées dans cette loi ? Qu’aimeriez-vous inclure dans la réforme ? Comment le feriez-vous ? Le groupe fut alors divisé en trois groupes. Chaque groupe devait réfléchir ensemble et partager leurs réponses.

À la fin de l’exercice, les problématiques mises de l’avant par les communautés furent variées : la pollution, le manque d’appui de la part du gouvernement, de nouvelles maladies en lien avec les produits chimiques utilisés dans les cultures, et l’augmentation de la violence envers les femmes, autant physique que psychologique. Elles parlèrent aussi du manque de considération dans la loi envers les mères célibataires et les personnes âgées, qui sont souvent obligées de participer dans les « mingas » (corvée en kichwa) et de réaliser les mêmes tâches que les autres, sans prendre en compte leur état physique ou leur manque de temps.

Des solutions venant de différents horizons

Alors, que proposent-elles pour s’attaquer à ces problèmes ?

Une représentante par groupe prit alors la parole et présenta leurs solutions. Il fut intéressant de constater la différence d’âge entre les participantes, mais aussi de voir qu’elles partagèrent toutes les mêmes valeurs et les mêmes convictions.

Plusieurs propositions ont été nommées par les participantes. L’une des propositions phare fut d’obtenir plus de représentation des femmes dans les postes de pouvoir, pour mieux les défendre.  Il fut également mentionné le souhait d’être davantage considérées pour leurs idées, car souvent celles-ci sont ignorées. En effet, lorsqu’un homme propose la même idée et ajoute deux ou trois éléments supplémentaires, subitement l’idée devient bonne et acceptée de toutes et tous.

Comment faire entendre leur voix ? Elles proposèrent dans un plan de mobilisation : d’envoyer une lettre avec leurs demandes aux personnes députées de l’Assemblée nationale et de prendre la rue en faisant une grande marche avec des pancartes des propositions nommées lors de la consultation. Ceci dans le but d’affirmer à la société et au gouvernement qu’elles ont droit d’existence, de parole et de prise de décision.

Pour terminer la rencontre, José Miguel Milán, directeur du CEDIS, prit la parole pour rappeler aux participantes :

« Nous sommes des êtres humains et, devant Dieu et la loi, nous sommes égaux et avons les mêmes droits. Cependant, les gouvernements ne le voient pas ainsi et nous ignorent. »

C’est pour cela qu’il est important pour elles de participer aux consultations futures du gouvernement, pour faire entendre leur voix et leurs droits.

En cette saison de partage, SVP donnez généreusement pour que les femmes partout dans le monde puissent continuer à s’épanouir et faire valoir leurs droits.

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