Par Carmen Michaud, animatrice pour l’Alberta et les Territoires du Nord-Ouest
Dans un pays aussi vaste que le Canada, il est facile de perdre de vue l’ampleur des voix qui s’élèvent en faveur de la justice sociale, de la solidarité et de la mission de Développement et Paix ― Caritas Canada. Au début du mois, j’ai eu la chance extraordinaire de passer quatre jours en compagnie de notre conseil diocésain le plus septentrional à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest.
Depuis plus de trois décennies, la présidente du conseil diocésain, Suzette Montreuil, entretient une présence restreinte mais dévouée pour nous dans le diocèse de Mackenzie-Fort Smith (voir site en anglais). Sa persévérance a permis de constituer un noyau de personnes engagées dans la justice sociale et la mission de Développement et Paix ― Caritas Canada, et d’aborder les questions liées à la concrétisation de cet engagement dans une région où les paroisses sont géographiquement dispersées et isolées.
Une équipe passionnée, créative et engagée
Le conseil diocésain est composé de personnes passionnées qui possèdent des compétences et des expériences diverses. C’est un groupe de personnes chaleureuses, aimantes et intelligentes ! Ils ont des contacts avec les médias, les écoles, le clergé, les peuples autochtones, les politiciens et les groupes d’activistes sociaux du Nord.
Un autre grand partisan de Développement et Paix – Caritas Canada est Mgr Jon Hansen, évêque de Mackenzie-Fort Smith et membre de notre conseil national. Il ne se contente pas d’appuyer nos campagnes, mais il participe activement à la promotion des événements et nous soutient fermement auprès de ses paroissiens et de son clergé.
Ce conseil diocésain a travaillé dur pour améliorer la visibilité de notre organisation dans leur grande région, avec créativité et diligence. Lors de la dernière campagne du Carême de partage, le groupe est allé plus loin en fournissant des pots usagés avec les étiquettes de Tirelires solidaires déjà collées et la date de la collecte inscrite sur le couvercle intérieur. Cette initiative a remporté un franc succès auprès des paroissiens qui les ont saisis à la sortie des messes. Pour annoncer l’atelier de campagne en présentiel pour l’édition automnale de la campagne Solidaires pour la terre, ils ont confectionné d’élégantes cartes d’invitation ressemblant à celles d’un mariage, une touche spéciale qui a élevé l’atelier au rang d’événement spécial. Grâce à leurs efforts, l’école St. Patrick High School de Yellowknife est devenue la plus septentrionale des écoles inscrites au programme D&P Schools !
Un accueil très chaleureux
Pendant mon séjour à Yellowknife, entre un atelier pour l’ensemble du clergé diocésain, une réunion avec des enseignant·e·s leaders, un atelier de campagne, des réunions de planification avec le conseil diocésain, trois interventions lors de messes et la tenue d’une table lors de deux petits-déjeuners des Chevaliers de Colomb, j’ai pu faire l’expérience de l’hospitalité qui fait la renommée du Nord.
J’ai été accueillie à l’aéroport par l’évêque Jon Hansen, qui a pris le temps de me recevoir malgré son agenda chargé. Il m’a également accueilli au Centre de spiritualité de Trapper’s Lake (voir des photos sur la page Facebook anglaise), situé à quelques kilomètres de la ville, au bord d’un magnifique lac, avec une île pittoresque juste au large. En plus d’être la maison de Mgr Hansen, le Centre est la résidence de retraite (après plus de 37 ans de service épiscopal) de l’évêque émérite Denis Croteau. L’évêque retraité, qui a carrément bâti cette retraite paisible, y dit encore la messe tous les jours, à l’âge de 92 ans. Je ne pense pas que j’éprouverai à nouveau le plaisir de boire un verre de vin et de manger un repas chinois en compagnie de deux évêques !
Dans les jours qui ont suivi, au cours de plusieurs déjeuners, dîners et visites de la ville qui ont ponctué les réunions et les événements, j’ai eu le privilège non seulement de faire plus ample connaissance avec les gens, mais aussi de bénéficier des expériences et des perspectives qu’ils apportent en tant qu’habitants du Nord. J’ai été traitée comme un membre de la famille. Des histoires ont été racontées. J’ai eu l’impression d’être aux premières loges de certains des événements les plus importants de l’histoire du Nord. Et je connais maintenant plusieurs bons cafés et restaurants que je peux vous recommander si vous allez un jour à Yellowknife !
Des défis communs
Nous avons eu plusieurs conversations sur les défis, l’efficacité et la pertinence de la défense des intérêts des populations du Sud parmi des personnes qui connaissent elles-mêmes bon nombre des mêmes conditions et inégalités. Les habitants du Nord ne connaissent que trop bien les forces qui influent sur la vie des habitants des pays du Sud.
L’économie repose en grande partie sur l’extraction et l’impact de ces industries sur l’environnement est élevé. L’accès à la nourriture et la souveraineté alimentaire sont un défi quotidien pour de nombreuses personnes, et l’inégalité dans l’accès aux soins de santé est endémique. Les cultures autochtones et traditionnelles ont été supprimées et marginalisées, et les modes de vie traditionnels ont été bouleversés. La crise climatique est probablement plus évidente dans cette région que partout ailleurs au Canada. Les incendies de forêt de cet été, qui ont nécessité l’évacuation de toute la ville de Yellowknife et de nombreuses autres régions des Territoires du Nord-Ouest, ont montré à quel point le Nord est vulnérable. L’inégalité mondiale et le besoin de justice sociale sont des expériences concrètes vécues ici.
J’ai quitté le Nord non seulement avec de merveilleux souvenirs chaleureux et une truite sauvage offerte par l’évêque Hansen, mais aussi avec une appréciation très réelle de la rigueur et du dévouement avec lesquels nos membres travaillent, parfois même face à une apparente indifférence et à de grands défis matériels. Mon voyage m’a également fait réfléchir sur le fait que c’est exactement la façon dont nous travaillons avec nos partenaires et tant de personnes dans le Sud.