Réflexion du 28 février, deuxième dimanche du Carême : Le développement communautaire à long terme

Évangile : Marc 9, 2-9

La transfiguration du Christ nous rappelle à quel point il est remarquable que Dieu ait choisi d’entrer dans le monde comme il l’a fait. Quand nous lisons que les vêtements de Jésus deviennent « resplendissants » et d’un éclat inconcevable, quand nous voyons les apôtres ne plus savoir quoi dire, l’image de Jésus de Nazareth avec eux quelques instants plus tard prend d’autant plus de relief et de profondeur. Si Jésus était capable de tels prodiges, pourquoi choisir de mener la vie d’un pauvre menuisier? Pourquoi accepter de connaître la douleur et la faim? Pourquoi se soumettre au jugement et à la persécution?

Une première raison, c’est l’amour et la compassion de Jésus pour les pauvres et les opprimés. Une grande partie de son enseignement – souvent sous la forme de paraboles – s’adressait directement aux plus marginalisés dans la société et racontait leurs histoires. La vie de Jésus reflétait celle des gens à qui il parlait, et elle incarnait l’idéal de la modestie, de l’humilité et de l’amour. Une deuxième raison, c’est que d’Abraham à Jésus, l’histoire du salut de Dieu en est une de patience. Jésus aurait pu changer le monde d’un claquement de doigts, mais il a choisi la porte étroite : la Bonne Nouvelle. Il fallait la semer, il fallait qu’elle prenne racine lentement chez ceux et celles qui l’accepteraient librement. Et pour ça, Jésus le savait bien, il faudrait du temps.

En 1967, après avoir participé au concile Vatican II et avoir pris conscience de la disparité entre les pays plus riches et les populations qui luttaient dans l’hémisphère sud, les évêques canadiens ont fondé Développement et Paix. Ce qui a fait de Développement et Paix un projet unique fut la décision de choisir, comme Jésus, la porte étroite. Au lieu de se contenter de fournir des fonds aux causes les plus spectaculaires, Développement et Paix allait soutenir des mouvements de la base et des organisations s’attaquant aux causes fondamentales de la pauvreté, très souvent pour un objectif à long terme.

Ce faisant, Développement et Paix applique un principe fondamental de l’enseignement social catholique : la subsidiarité. La subsidiarité veut aborder de la façon la plus décentralisée possible les problèmes qui affectent tel ou tel groupe, telle ou telle collectivité : rester, en d’autres mots, le plus près possible de la base. La subsidiarité, c’est aussi Jésus qui lance son ministère avec un petit groupe d’hommes passionnés de son milieu au lieu de s’adresser surtout aux rois et aux politiciens. Développement et Paix travaille exclusivement avec des partenaires engagés dans leur milieu, les mieux placés pour comprendre les causes des problèmes de la région et les solutions à y apporter.

En 54 ans, Développement et Paix a appuyé plus de 15 000 initiatives dans plus de 70 pays. Ce travail s’est réalisé dans plusieurs domaines cruciaux, dont la justice écologique, la participation citoyenne, la justice pour les femmes, et les efforts pour la paix et la réconciliation. Que ce soit pour appuyer les communautés autochtones d’Amazonie déplacées par des sociétés minières ou les femmes combattant la violence domestique en Afghanistan, notre mission est centrée sur l’aide aux communautés pour qu’elles puissent prendre charge de leur propre développement.

Des problèmes d’envergure mondiale, comme la COVID-19, nous rappellent douloureusement que de solides fondations communautaires aident à traverser les tempêtes imprévues. Grâce à nos racines profondes dans de nombreuses collectivités à travers le monde, nos partenaires internationaux ont pu venir en aide à certaines des populations les plus durement touchées par les conséquences économiques, sanitaires et sociales de la pandémie.

C’est un fait, les efforts pour le changement social prennent du temps, parfois même beaucoup de temps. L’Évangile d’aujourd’hui nous rappelle que Jésus lui-même – dont la transfiguration a stupéfié Pierre, Jacques et Jean – a choisi une approche à long terme pour sa mission. Le Christ savait que s’il plantait la semence de la Bonne Nouvelle, elle s’enracinerait et finirait par transformer le monde. Développement et Paix, petite branche de l’arbre né de cette semence, continue de défendre et de soutenir nos frères et sœurs les plus vulnérables dans le monde. En ce temps du Carême, demandons au Seigneur de nous donner la patience et la sérénité nécessaires pour voir le monde tel qu’il pourrait être, quel que soit le temps qu’il faudra.

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